Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome13.djvu/477

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
465
MAXIMILIEN.

et par le pape Alexandre VI, traverse rapidement toute l’Italie en conquérant, et se rend maître du royaume de Naples sur un bâtard de la maison d’Aragon, ce même Louis le Maure, ce même pape Alexandre VI, s’unissent avec Maximilien et les Vénitiens pour l’en chasser. Charles VIII devait s’y attendre : il paraissait trop redoutable, et ne l’était pas assez.

1496. Maximilien va en Italie dès que Charles VIII en est chassé. Il y trouve ce qu’on y a toujours vu, la haine contre les Français et contre les Allemands, la défiance et la division entre les puissances. Mais ce qui est à remarquer, c’est qu’il y arrive le plus faible. Il n’a que mille chevaux et quatre ou cinq mille landskenets : il paraissait le pensionnaire de Louis le Maure, Il écrit au duc de Savoie, au marquis de Saluées, au duc de Modène, feudataires de l’empire, de venir le trouver, et d’assister à son couronnement à Pavie, Tous ces seigneurs le refusent, tous lui font sentir qu’il est venu trop mal accompagné, et que l’Italie se croit indépendante.

Était-ce la faute des empereurs s’ils avaient en Italie si peu de crédit ? il paraît que non. Les princes, les diètes d’Allemagne, ne leur fournissaient presque point de subsides. Ils tiraient peu de chose de leurs domaines. Les Pays-Bas n’appartenaient pas à Maximilien, mais à son fils. Le voyage d’Italie était ruineux.

1497. Le droit féodal cause toujours des troubles. Une diète de Vorms ayant ordonné une taxe légère pour les besoins de l’empire, la Frise ne veut point payer cette taxe. Elle prétend toujours n’être point fief de l’empire. Maximilien y envoie le duc de Saxe en qualité de gouverneur, pour réduire les Frisons, peuple pauvre et amoureux de sa liberté, reste (du moins en partie) des anciens Saxons qui avaient combattu Charlemagne. Ils se défendirent, mais non pas si heureusement que les Suisses.

1498. Charles VIII venait de mourir, et, malgré les trêves, malgré les traités, Maximilien fait une irruption du côté de la Bourgogne ; irruption inutile, après laquelle on fait encore de nouvelles trêves, Maximilien persistait toujours à réclamer pour son fils Philippe le Beau toute la succession de Marie de Bourgogne.

Louis XII rend plusieurs places à ce jeune prince, qui prête hommage lige au chancelier de France dans Arras, pour le Charolais, l’Artois, et la Flandre ; et l’on convient de part et d’autre qu’on se rapportera, pour le duché de Bourgogne, à la décision du parlement de Paris.

Maximilien négocie avec les Suisses, qu’on regardait comme invincibles chez eux.