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MAXIMILIEN.

le Maure, oncle et feudataire de l’empereur, sans que Maximilien eût paru s’inquiéter de la destinée d’un pays si cher à tous ses prédécesseurs.

Louis XII avait aussi conquis et partagé le royaume de Naples avec Ferdinand, roi d’Aragon, sans que Maximilien s’en fût inquiété davantage.

Maximilien promet l’investiture de Milan, à condition que madame Claude, fille de Louis XII et d’Anne de Bretagne, épousera le jeune Charles de Luxembourg. Il veut déclarer le Milanais fief féminin : il n’y a certainement ni fief féminin ni fief masculin par leur nature. Tout cela dépend de l’usage insensiblement établi, qu’une fille hérite ou n’hérite pas.

Louis XII devait bien regarder en effet le Milanais comme un fief féminin, puisqu’il n’y avait prétendu que par le droit de son aïeule Valentine Visconti.

Maximilien voulait qu’un jour le Milanais et la Bretagne dussent passer à son petit-fils : en ce cas, Louis XII n’eût vaincu et ne se fût marié que pour la maison d’Autriche.

L’archiduc Philippe et sa femme Jeanne, fille de Ferdinand et d’Isabelle, vont se faire reconnaître héritiers du royaume d’Espagne. Philippe y prend le titre de prince des Asturies.

Maximilien ne voit que des grandeurs réelles pour sa postérité, et n’a guère que des titres pour lui-même : car il n’a qu’une ombre de pouvoir en Italie, et la préséance en Allemagne. Ce n’est qu’à force de politique qu’il peut exécuter ses moindres desseins.

1503. Il tente de faire un électorat de l’Autriche : il n’en peut venir à bout.

Les électeurs conviennent de s’assembler tous les deux ans pour maintenir leurs priviléges.

L’extinction des grands fiefs en France réveillait en Allemagne l’attention des princes.

Les papes commençaient à former une puissance temporelle, et Maximilien les laissait agir.

Urbin, Camerino, et quelques autres territoires, venaient d’être ravis à leurs nouveaux maîtres par un des bâtards du pape Alexandre VI. C’est ce fameux César Borgia, diacre, archevêque, prince séculier ; il employa, pour envahir sept ou huit petites villes, plus d’art que les Alexandre, les Gengis, et les Tamerlan, n’en mirent à conquérir l’Asie. Son père le pape et lui réussirent par l’empoisonnement et le meurtre ; et le bon roi Louis XII avait été longtemps lié avec ces deux hommes sanguinaires, parce qu’il