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ANNALES DE L’EMPIRE.

avait besoin d’eux. Pour l’empereur, il semblait alors perdre de vue toute l’Italie.

La ville de Lubeck déclare la guerre au Danemark. Il semblait que Lubeck voulût alors être dans le Nord ce que Venise était dans la mer Adriatique. Comme il y avait beaucoup de troubles en Suède et en Danemark, Lubeck ne fut pas écrasée.

1504. Les querelles du Danemark et de la Suède n’appartiennent pas à l’histoire de l’empire ; mais il ne faut pas oublier que les Suédois ayant élu un administrateur, et que le roi de Danemark Jean, ne le trouvant pas bon, et ayant condamné les sénateurs de Suède comme rebelles et parjures, envoya sa sentence à l’empereur pour la faire confirmer.

Ce roi Jean avait été élu roi de Danemark, de Suède, et de Norvége ; et cependant il a besoin qu’un empereur, qui n’était pas puissant, approuve et confirme sa sentence. C’est que le roi Jean, avec ses trois couronnes, n’était pas puissant lui-même, et surtout en Suède, dont il avait été chassé. Mais ces déférences, dont on voit de temps en temps des exemples, marquent le respect qu’on avait toujours pour l’empire. On s’adressait à lui quand on croyait en avoir besoin, comme on s’adressa souvent au saint-siége pour fortifier des droits incertains. Maximilien ne manqua pas de faire valoir, au moins par des rescrits, l’autorité qu’on lui attribuait. Il manda aux états de Suède qu’ils eussent à obéir, qu’autrement il procéderait contre eux selon les droits de l’empire.

Cette année vit naître une guerre civile entre la branche palatine et celle qui possède la Bavière. La branche palatine est condamnée d’abord dans une diète à Augsbourg. Cependant on n’en fait pas moins la guerre : triste constitution d’un État, quand les lois sont sans force. La branche palatine perd dans cette guerre plus d’un territoire.

On conclut à Blois un traité singulier entre les ambassadeurs de Maximilien et son fils Philippe d’une part, et le cardinal d’Amboise de l’autre, au nom de Louis XII.

Ce traité confirme l’alliance avec la maison d’Autriche, alliance par laquelle Louis XII devait, à la vérité, être investi du duché de Milan ; mais par laquelle, si Louis XII rompait le mariage de madame Claude avec l’archiduc Charles de Luxembourg, le prince aurait en dédommagement le duché de Bourgogne, le Milanais, et le comté d’Asti ; comme aussi, en cas que la rupture vînt de la part de Maximilien ou de Philippe, prince d’Espagne, père du jeune archiduc, la maison d’Autriche céderait