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ANNALES DE L’EMPIRE.

de l’argent, et qui en manquait toujours, n’en ayant pas pour payer les Suisses, ils se mutinent. L’empereur craint d’être arrêté par eux, et s’enfuit. Voilà donc à quoi aboutit la fameuse ligue de Cambrai[1], à dépouiller Louis XII, et à faire enfuir l’empereur de crainte d’être mis en prison par ses mercenaires.

Il propose au roi d’Angleterre Henri VIII de lui céder l’empire et le duché de Milan, dans le dessein seulement d’en obtenir quelque argent. On ne pourrait croire une telle démarche si le fait n’était attesté par une lettre de Henri VIII.

Autre mariage encore stipulé avec l’archiduc Charles, devenu roi d’Espagne. Jamais prince ne fut promis à tant de femmes avant d’en avoir une. François Ier lui donne sa fille, madame Louise, âgée d’un an.

Ce mariage, qui ne réussit pas mieux que les autres, est stipulé dans le traité de Noyon. Ce traité portait que Charles rendrait justice à la maison de Navarre, dépouillée par Ferdinand le Catholique, et qu’il engagerait l’empereur, son grand-père, à faire la paix avec les Vénitiens. Ce traité n’eut pas plus d’exécution que le mariage, quoiqu’il dût en revenir à l’empereur deux cent mille ducats que les Vénitiens devaient lui compter. François Ier devait aussi donner à Charles cent mille écus par an, jusqu’à ce qu’il fût en pleine possession du royaume d’Espagne. Rien n’est plus petit ni plus bizarre. Il semble qu’on voie des joueurs qui cherchent à se tromper.

Immédiatement après ce traité, l’empereur en fait un autre avec Charles, son petit-fils, et le roi d’Angleterre, contre la France.

1517. Charles passe en Espagne. Il est reconnu roi de Castille conjointement avec Jeanne sa mère.

1518. Le pape Léon X avait deux grands projets : celui d’armer les princes chrétiens contre les Turcs, devenus plus formidables que jamais sous le sultan Sélim II, vainqueur de l’Égypte ; l’autre était d’embellir Rome, et d’achever cette basilique de Saint-Pierre, commencée par Jules II, et devenue en effet le plus beau monument d’architecture qu’aient jamais élevé les hommes.

Il crut qu’il lui serait permis de tirer de l’argent de la chrétienté par la vente des indulgences. Ces indulgences étaient originairement des exemptions d’impôts accordées par les empereurs ou par les gouverneurs aux campagnes maltraitées.

Les papes et quelques évêques même avaient appliqué aux

  1. Voyez tome XII, page 194.