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CHARLES-QUINT.

Cette ligue de Souabe est la véritable ligue du bien public[1]. Elle réduit le duc à fuir de son État ; mais ensuite elle vend cet État à vil prix à Charles d’Autriche. Tout se fait donc pour de l’argent ! Comment Charles, prêt de parvenir à l’empire, dépouillait-il ainsi une maison, et achetait-il pour très-peu de chose le bien d’une autre ?

Léon X veut gouverner despotiquement la Toscane.

Les électeurs s’assemblent à Francfort. Est-il bien vrai qu’ils offrirent la couronne impériale à Frédéric surnommé le Sage, électeur de Saxe, ce grand protecteur de Luther ? Fut-il solennellement élu ? non. En quoi consiste donc son refus ? en ce que sa réputation le faisait nommer par la voix publique, qu’il donna sa voix à Charles, et que sa recommandation entraîna enfin les suffrages.

Charles-Quint est élu d’une commune voix, le 28 juin 1519.



CHARLES-QUINT,
quarantième-unième empereur.

Cette année est celle de la première capitulation dressée pour les empereurs. On se contentait auparavant du serment qu’ils faisaient à leur sacre. Un serment vague d’être juste ouvre la porte à l’injustice. Il fallait une digue plus forte contre l’abus de l’autorité d’un prince si puissant par lui-même.

Par ce contrat véritable du chef avec les membres, l’empereur promet que s’il a quelque domaine qu’il ne possède pas à bon titre, il le restituera à la première sommation des électeurs. C’est promettre beaucoup.

Des auteurs considérables prétendent qu’on lui fit jurer aussi de résider toujours dans l’Allemagne ; mais la capitulation porte expressément qu’il y résidera autant qu’il sera possible : exiger une chose injuste eût fourni un trop beau prétexte de ne pas exécuter ce qui était juste.

Le jour de l’élection de Charles-Quint est marqué par un combat entre un évêque de Hildesheim et un duc de Brunsvick dans le duché de Lunebourg. Ils se disputaient un fief ; et malgré

  1. On avait donné ce nom à la ligue qui se forma sous Louis XI ; voyez t. XII, page 116.