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ANNALES DE L’EMPIRE.

et Bâle, qui doivent leur fournir des troupes en cas qu’on veuille gêner leur liberté.

La diète fait le procès au grand-maître de l’ordre teutonique, Albert de Brandebourg, qui, devenu luthérien, comme on l’a vu[1], s’était emparé de la Prusse ducale, et en avait chassé les chevaliers catholiques. Il est mis au ban de l’empire, et n’en garde pas moins la Prusse.

La diète fixe la chambre impériale dans la ville de Spire : c’est par là qu’elle finit, et l’empereur en indique une autre à Cologne pour y faire élire son frère Ferdinand roi des Romains.

Ferdinand est élu le 5 janvier par tous les électeurs, excepté par celui de Saxe, Jean le Constant, qui s’y oppose inutilement.

Alors les princes protestants et les députés des villes luthériennes s’unissent dans Smalcalde, ville du pays de Hesse. La ligue est signée au mois de mars[2] pour leur défense commune. Le zèle pour leur religion, et surtout la crainte de voir l’empire électif devenir une monarchie héréditaire, furent les motifs de cette ligue entre Jean, duc de Saxe, Philippe, landgrave de Hesse, le duc de Virtemberg, le prince d’Anhalt, le comte de Mansfeld, et les villes de leur communion.

1531. François Ier, qui faisait brûler les luthériens chez lui, s’unit avec ceux d’Allemagne, et s’engage à leur donner de prompts secours. L’empereur alors négocie avec eux ; on ne poursuit que les anabaptistes, qui s’étaient établis dans la Moravie. Leur nouvel apôtre Hutter, qui allait faire partout des prosélytes, est pris dans le Tyrol, et brûlé dans Inspruck.

Ce Hutter ne prêchait point la sédition et le carnage, comme la plupart de ses prédécesseurs : c’était un homme entêté de la simplicité des premiers temps ; il ne voulait pas même que ses disciples portassent des armes : il prêchait la réforme et l’égalité, et c’est pourquoi il fut brûlé.

Philippe, landgrave de Hesse, prince qui méritait plus de puissance et plus de fortune, entreprend le premier de réunir les sectes séparées de la communion romaine, projet qu’on a tenté depuis inutilement, et qui eût pu épargner beaucoup de sang à l’Europe. Martin Bucer fut chargé, au nom des sacramentaires, de se concilier avec les luthériens. Mais Luther et Mélanchthon furent inflexibles, et montrèrent en cela bien plus d’opiniâtreté que de politique.

  1. Page 492.
  2. À la fin de décembre 1530, quelques jours avant l’élection de Ferdinand, qui eut lieu le 5 janvier 1531, et non 1530. (Cl.).