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ANNALES DE L’EMPIRE.

-Assem, qui lui cède la Goulette avec dix milles d’étendue à la ronde, et se déclare, lui et ses successeurs, vassal des rois d’Espagne, se soumettant à payer un tribut de vingt mille écus tous les ans.

Charles retourne vainqueur en Sicile et à Naples, menant avec lui tous les esclaves chrétiens qu’il a délivrés. Il leur donne à tous libéralement de quoi retourner dans leur patrie. Ce furent autant de bouches qui publièrent partout ses louanges : jamais il ne jouit d’un si beau triomphe.

Dans ce haut degré de gloire, ayant repoussé Soliman, donné un roi à Tunis, réduit François Ier à n’oser paraître en Italie, il presse Paul III d’assembler un concile. Les plaies faites à l’Église romaine augmentaient tous les jours.

Calvin commençait à dominer dans Genève : la secte à laquelle il eut le crédit de donner son nom se répandait en France, et il était à craindre pour l’Église romaine qu’il ne lui restât que les États de la maison d’Autriche et la Pologne.

Cependant le duc de Milan, François Sforce, meurt sans enfants. Charles-Quint s’empare du duché, comme d’un fief qui lui est dévolu. Sa puissance, ses richesses en augmentent, ses volontés sont des lois dans toute l’Italie : il y est bien plus maître qu’en Allemagne.

Il célèbre dans Naples le mariage de sa fille naturelle Marguerite avec Alexandre de Médicis, le crée duc de Toscane ; ces cérémonies se font au milieu des plus brillantes fêtes, qui augmentent encore l’affection des peuples.

1536. François Ier ne perd point de vue le Milanais, ce tombeau des Français. Il en demande l’investiture au moins pour son second fils Henri. L’empereur ne donne que des paroles vagues. Il pouvait refuser nettement.

La maison de Savoie, longtemps attachée à la maison de France, ne l’était plus ; tout était à l’empereur : il n’y a point de prince dans l’Europe qui n’ait des prétentions à la charge de ses voisins ; le roi de France en avait sur le comté de Nice et sur le marquisat de Saluces. Le roi y envoie une armée, qui s’empare de presque tous les États du duc de Savoie dès qu’elle se montre : ils n’étaient pas alors ce qu’ils sont aujourd’hui.

Le vrai moyen pour avoir et pour garder le Milanais eût été de garder le Piémont, de le fortifier. La France, maîtresse des Alpes, l’eût été tôt ou tard de la Lombardie.

Le duc de Savoie va à Naples implorer la protection de l’empereur. Ce prince si puissant n’avait point alors une grande armée en Italie. Ce n’était alors l’usage d’en avoir que pour le besoin