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CHAPITRE CLXXVIII.

Le règne de don Carlos, Charles II, fut aussi faible que celui de Philippe III et de Philippe IV, comme vous le verrez dans le Siècle de Louis XIV[1].

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CHAPITRE CLXXVIII.


Des allemands sous Rodolphe II, Mathias, et Ferndinan II. Des malheurs de Frédéric, électeur palatin. Des conquêtes de Gustave-Adolphe. Paix de Vestphalie, etc.


Pendant que la France reprenait une nouvelle vie sous Henri IV, que l’Angleterre florissait sous Élisabeth, et que l’Espagne était la puissance prépondérante de l’Europe sous Philippe II, l’Allemagne et le Nord ne jouaient pas un si grand rôle.

Si on regarde l’Allemagne comme le siége de l’empire, cet empire n’était qu’un vain nom ; et on peut observer que, depuis l’abdication de Charles-Quint jusqu’au règne de Léopold, elle n’a eu aucun crédit en Italie. Les couronnements à Rome et à Milan furent supprimés comme des cérémonies inutiles : on les regardait auparavant comme essentielles ; mais depuis que Ferdinand Ier, frère et successeur de l’empereur Charles-Quint, négligea le voyage de Rome, on s’accoutuma à s’en passer. Les prétentions des empereurs sur Rome, celles des papes de donner l’empire, tombèrent insensiblement dans l’oubli : tout s’est réduit à une lettre de félicitations que le souverain pontife écrit à l’empereur élu. L’Allemagne resta avec le titre d’empire, mais faible, parce qu’elle fut toujours divisée. Ce fut une république de princes, à laquelle présidait l’empereur ; et ces princes, ayant tous des prétentions les uns contre les autres, entretinrent presque toujours une guerre civile, tantôt sourde, tantôt éclatante, nourrie par leurs intérêts opposés, et par les trois religions de l’Allemagne, plus opposées encore que les intérêts des princes. Il était impossible que ce vaste État, partagé en tant de principautés désunies, sans commerce alors et sans richesses, influât beaucoup sur le système de l’Europe. Il n’était point fort au dehors, mais il l’était au dedans, parce que la nation fut toujours laborieuse et belli-

  1. Chapitre xvii.