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ANNALES DE L'EMPIRE.

veraineté de Piombino et de l’île d’Elbe ; aidé de ce secours, il se soutient du moins en Italie, et il va assiéger Metz avec une puissante armée.

Albert de Brandebourg, le seul des princes protestants qui était encore en armes contre lui, abandonne la France dont il a reçu de l’argent, et sert sous Charles-Quint au siége de Metz. Le fameux François, duc de Guise, qui défendait Metz avec l’élite de la noblesse française, l’oblige de lever le siége, le 26 décembre, au bout de soixante-cinq jours ; Charles y perdit plus du tiers de son armée.

1553. Charles se venge du malheur qu’il a essuyé devant Metz en envoyant les comtes de Lalain et de Reuss assiéger Térouane : la ville est prise et rasée.

Philibert-Emmanuel, prince de Piémont, depuis duc de Savoie, qui devient bientôt un des plus grands généraux de ce siècle, est mis à la tête de l’armée de l’empereur : il prend Hesdin, qui est rasé comme Térouane. Mais le duc d’Arschot, qui commandait un corps considérable, se laisse battre, et la fortune de Charles est encore arrêtée.

Les affaires en Italie restent dans la même situation ; l’Allemagne n’est pas tranquille. L’inquiet Albert de Brandebourg, qu’on nommait l’Alcibiade, toujours à la tête d’un corps de troupes, les fait subsister de pillage ; il ravage les terres de Henri de Brunsvick, et même de l’électeur Maurice de Saxe.

L’électeur Maurice lui livre bataille auprès de Hildesheim, au mois de juillet ; il la gagne, mais il y est tué. Ce prince n’avait que trente-deux ans, mais il avait acquis la réputation d’un grand capitaine et d’un grand politique ; son frère Auguste lui succède.

Albert l’Alcibiade fait encore la guerre civile ; la chambre impériale lui fait son procès ; il n’en continue pas moins ses ravages ; mais enfin, manquant d’argent et de troupes, il se réfugie en France. L’empereur, pour mieux soutenir cette grande puissance, qui avait reçu tant d’accroissement et tant de diminution, arrête le mariage de son fils Philippe avec Marie, reine d’Angleterre, fille de Henri VIII et de Catherine d’Aragon.

Quoique le parlement d’Angleterre ajoutât aux clauses du contrat de mariage que l’alliance entre les Français et les Anglais subsisterait, Charles n’en espérait pas moins, et avec raison, que cette alliance serait bientôt rompue. C’était en effet armer l’Angleterre contre la France que de lui donner son fils pour roi ; et si Marie avait eu des enfants, la maison d’Autriche voyait sous ses lois tous les États de l’Europe depuis la mer Baltique, excepté la France.