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MAXIMILIEN II.

Pays-Bas, à la tête des troupes allemandes contre d’autres troupes allemandes, sans se mêler de la querelle. Il était pourtant naturel qu’il assistât Philippe II, son cousin, dans cette affaire importante, d’autant plus que cette année-là même il fit la paix avec Sélim II, successeur du grand Soliman. Délivré du Turc, il semblait que son intérêt fût d’affermir la religion catholique ; mais apparemment qu’après cette paix on ne lui payait plus de mois romains.

Loin d’aider le roi d’Espagne à soumettre ses sujets des Pays-Bas, qui demandaient la liberté de conscience, il parut désapprouver la conduite de Philippe, en accordant bientôt dans l’Autriche la permission de suivre la confession d’Augsbourg. Il promit après au pape de révoquer cette permission. Tout cela découvre un gouvernement gêné, faible, inconstant. On eût dit que Maximilien craignait la puissance des ennemis de sa communion, et en effet toute la maison de Brandebourg était protestante. Un fils de l’électeur Jean-George, élu archevêque de Magdebourg, professait publiquement le protestantisme ; un évêque de Verden en faisait autant ; le duc de Brunsvick, Jules, embrassait cette religion qui était déjà celle de ses sujets ; l’électeur palatin et presque tout son pays était calviniste. Le catholicisme ne subsistait plus guère en Allemagne que chez les électeurs ecclésiastiques, dans les États des évêques et des abbés, dans quelques commanderies de l’ordre teutonique, dans les domaines héréditaires de la maison d’Autriche et dans la Bavière, et encore y avait-il beaucoup de protestants dans tous ces pays ; ils faisaient même en Bohême le plus grand nombre. Tout cela autorisait la liberté que Maximilien donnait en Autriche à la religion protestante ; mais une autre raison plus forte s’y joignait : c’est que les états d’Autriche avaient promis à ce prix des subsides considérables. Tout se faisait pour de l’argent dans l’empire, qui dans ce temps-là n’en avait guère.

1569. Au milieu de tant de guerres de religion et de politique, voici une dispute de vanité. Le duc de Florence Cosme II[1], et le duc de Ferrare Alfonse, se disputaient la préséance. Les rangs étaient réglés dans les diètes en Allemagne ; mais en Italie il n’y avait point de diète, et ces querelles de rang étaient indécises. Les deux ducs tenaient tous deux à l’empereur. François, prince héréditaire de Florence, et le duc de Ferrare, avaient épousé les

  1. Lisez : « Cosme Ier » ; né en 1519, mort le 21 avril 1574. Cosme II ne naquit qu’en 1590. (Cl.)