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ANNALES DE L’EMPIRE.

sœurs de Maximilien. Les deux ducs remettent leur différend à son arbitrage. Mais le pape Pie V, qui regardait le duc de Ferrare comme son feudataire, le duc de Florence comme son allié, et toutes les dignités de ce monde comme des concessions du saint-siége, se hâte de donner un titre nouveau à Cosme : il lui confère la dignité de grand-duc avec beaucoup de cérémonie ; comme si le mot de grand ajoutait quelque chose à la puissance. Maximilien est irrité que le pape s’arroge le droit de donner des titres aux feudataires de l’empire, et de prévenir son jugement. Le duc de Florence prétend qu’il n’est point feudataire. Le pape soutient qu’il a non-seulement la prérogative de faire des grands-ducs, mais des rois. La dispute s’aigrit ; mais enfin le grand-duc, qui était très-riche, fut reconnu par l’empereur.

1570. Diète de Spire, dans laquelle on rend presque tous les États de la branche aînée de la maison de Saxe à un frère du malheureux duc de Gotha, qui reste confiné à Naples. On y conclut une paix entre l’empereur et Jean-Sigismond, prince de Transylvanie, qui est reconnu souverain de cette province, et renonce au titre de roi de Hongrie, titre d’ailleurs très-vain puisque l’empereur avait une partie de ce royaume, et les Turcs l’autre.

1571. On y termine de très-grands différends qui avaient longtemps troublé le Nord au sujet de la Livonie. La Suède, le Danemark, la Pologne, la Russie, s’étaient disputé cette province que l’on regardait encore en Allemagne comme province de l’empire. Le roi de Suède Sigismond[1] cède à Maximilien ce qu’il a dans la Livonie. Le reste est mis sous la protection du Danemark ; on convient d’empêcher que les Moscovites ne s’en emparent. La ville de Lubeck est comprise dans cette paix, comme partie principale. Tous les priviléges de son commerce sont confirmés avec la Suède et le Danemark. Elle était encore puissante.

Les Vénitiens, à qui les Turcs enlevaient toujours quelque possession, avaient fait une ligue avec le pape et le roi d’Espagne. L’empereur refusait d’y entrer, dans la crainte d’attirer encore en Hongrie les forces de l’empire ottoman. Philippe II n’y entrait que pour la forme.

Le gouverneur du Milanais leva des troupes ; mais ce fut pour envahir le marquisat de Final appartenant à la maison de Caretto. Les Génois avaient des vues sur ce coin de terre, et inquiétaient

  1. C’était Jean III qui régnait alors. Son fils Sigismond ne lui succéda qu’en 1592 sur le trône de Suède. Le traité dont il s’agit fut arrêté en novembre 1570. (Cl.)