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FERDINAND II.

Rome. Plus du tiers fut perdu par un naufrage, et le reste est conservé encore dans le Vatican[1].

La religion et l’amour de la liberté excitent toujours quelques troubles en Bohême ; mais ce ne sont plus que des séditions qui finissent par des supplices. L’empereur fait sortir de Prague tous les ministres luthériens, et fait fermer leurs temples. Il donne aux jésuites l’administration de l’université de Prague. Il n’y avait plus alors que la Hongrie qui pût inquiéter la prospérité de l’empereur. Il achève de s’assurer la paix avec Bethlem-Gabor, en le reconnaissant souverain de la Transylvanie, et en lui cédant, sur les frontières de son État, sept comtés qui composent cinquante lieues de pays. Le reste de la Hongrie, théâtre éternel de la guerre, ravagé depuis longtemps sans interruption, n’était encore à la maison d’Autriche d’aucune ressource ; mais c’était toujours un boulevard des États autrichiens.

1623. L’empereur, affermi en Allemagne, assemble une diète à Ratisbonne, dans laquelle il déclare que « l’électeur palatin[2] s’étant rendu criminel de lèse-majesté, ses États, ses biens, et ses dignités, sont dévolus au domaine impérial ; mais que, ne voulant pas diminuer le nombre des électeurs, il veut, commande, et ordonne que Maximilien, duc de Bavière, soit investi dans cette diète de l’électorat palatin ». C’était parler en maître. Les princes catholiques accédèrent tous à la volonté de l’empereur. Les protestants firent quelques remontrances publiques. L’électeur de Brandebourg, les ducs de Brunsvick, de Holstein, de Mecklenbourg, les villes de Brème, de Hambourg, de Lubeck, et d’autres, renouvelèrent la ligue évangélique. Le roi de Danemark se joignit à eux ; mais cette ligue, n’étant que défensive, laissa l’empereur en pleine liberté d’agir.

Le 25 février, Ferdinand, sur son trône, investit le duc de Bavière de l’électorat palatin. Le vice-chancelier dit expressément que « l’empereur lui confère cette dignité de sa pleine puissance ».

On ne donna point, par cette investiture, les terres du Pala-

  1. Vingt-sept manuscrits grecs et douze latins, provenant de la bibliothèque d’Heidelberg, avaient été, en 1797, transportés à Paris. Lorsqu’en 1815 les commissaires du pape réclamèrent les livres et manuscrits que, d’après les traités, la France avait pris dans le Vatican, des commissaires de l’université d’Heidelberg revendiquèrent pour leur compte les objets provenant de cette ville. Pie VII, à qui on en référa, non-seulement consentit à la remise des trente-neuf manuscrits qui étaient à Paris, mais encore ordonna la restitution de huit cent quarante-sept manuscrits allemands qui étaient encore au Vatican. (B.)
  2. Frédéric V. Son fils Charles-Louis fut rétabli dans l’électorat et dans le bas Palatinat seulement, par la paix de Vestphalie ; voyez années 1633 et 1648. (B.)