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FERDINAND II.

Le prince de Brunsvick, cet autre soutien de l’électeur palatin, était mort quelque temps auparavant. La fortune ôtait au palatin tous les secours, et favorisait en tout Ferdinand : cet empereur venait de faire élire son fils, Ferdinand-Ernest, roi de Hongrie. Bethlem-Gabor veut en vain soutenir ses droits sur ce royaume ; les Turcs, dans la minorité du sultan Amurat IV, ne peuvent le secourir ; il désole à la vérité la Stirie, mais Valstein le repousse comme il a repoussé les Danois ; enfin l’empereur, heureux par ses ministres comme par ses généraux, contient Bethlem-Gabor par un traité qui, en lui laissant la Transylvanie et les sept comtés adjacents, assure le tout à l’Autriche après la mort de Gabor.

1627. Tout réussit à Ferdinand sans qu’il ait d’autre soin que de souhaiter et d’ordonner. Le comte de Tilly poursuit le roi de Danemark et les confédérés. Ce roi se retire dans ses États. Les ducs de Holstein et de Brunsvick désarment presque aussitôt qu’ils ont armé. L’électeur de Brandebourg, qui avait seulement permis que ses sujets s’enrôlassent au service du Danemark, les rappelle, et rompt toute association. Le comte de Tilly, et Valstein, devenu duc de Friedland, font vivre partout à discrétion leurs troupes victorieuses.

Ferdinand, joignant les intérêts de la religion à ceux de sa politique, veut retirer l’évêché de Halberstadt des mains de la maison de Brunsvick, et les archevêchés de Magdebourg et de Brême des mains de la maison de Saxe, pour les donner à un de ses fils avec plusieurs abbayes.

Il avait fait élire son fils Ferdinand-Ernest roi de Hongrie ; il le fait couronner roi de Bohême sans élection, car les Hongrois, voisins des Turcs et de Bethlem-Gabor, devaient être ménagés ; mais la Bohême était regardée comme asservie.

1628. Ferdinand jouit alors de l’autorité absolue.

Les princes protestants et le roi de Danemark Christiern IV s’adressent secrètement au ministère de France, que le cardinal de Richelieu commençait à rendre respectable dans l’Europe. Ils se flattaient, avec raison, que ce cardinal, qui voulait écraser les protestants de France, soutiendrait ceux d’Allemagne. Le cardinal de Richelieu fait donner de l’argent au roi de Danemark, et encourage les princes protestants. Les Danois marchent vers l’Elbe ; mais la ligue protestante, effrayée, n’ose se déclarer ouvertement pour lui, et le bonheur de l’empereur n’est point encore interrompu. Il proscrit le duc de Mecklenbourg, que les Danois avaient forcé à se déclarer pour eux. Il donne son duché à Valstein.