Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome13.djvu/596

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
584
ANNALES DE L’EMPIRE.

La Hollande, à la vérité, était neutre dans la querelle de l’empereur ; mais elle occupait toujours l’Espagne dans les Pays-Bas, et par là opérait une diversion considérable.

Le général Bannier était vainqueur dans tous les combats qu’il donnait ; il soumettait la Thuringe et la Saxe, après s’être assuré de toute la Poméranie.

Mais le principal objet de tant de troubles, le rétablissement de la maison palatine, était ce qu’il y avait de plus négligé, et, par une fatalité singulière, le prince palatin fut mis en prison par les Français mêmes qui, depuis si longtemps, semblaient vouloir le placer sur le siége électoral. Le comte palatin, à la mort du duc de Veimar, avait conçu un dessein très-beau et très-raisonnable : c’était de rentrer dans ses États avec l’armée veimarienne, qu’il voulait acheter avec l’argent de l’Angleterre. Il passa en effet à Londres, il y obtint de l’argent : il retourna par la France ; mais le cardinal de Richelieu, qui voulait bien le protéger, et non le voir indépendant, le fit arrêter, et ne le relâcha que quand Brisach et les troupes veimariennes furent assurées à la France ; alors il lui donna un appui, que ce prince fut contraint d’accepter.

1640. Les progrès des Français et des Suédois continuent. Le duc de Longueville et le maréchal de Guébriant se joignent au général Bannier. Les troupes de Hesse et de Lunebourg augmentent encore cette armée.

Sans le général Piccolomini on marchait à Vienne ; mais il arrêta tant de progrès par des marches savantes. Il était d’ailleurs très-difficile à des armées nombreuses d’avancer en présence de l’ennemi, dans des pays ruinés depuis si longtemps, et où tout manquait aux soldats comme aux peuples.

La fin de cette année 1640 est encore très-fatale à la maison d’Autriche. La Catalogne se soulève, et se donne à la France. Le Portugal, qui depuis Philippe II n’était qu’une province d’Espagne appauvrie, chasse le gouvernement autrichien, et devient bientôt pour jamais un royaume séparé et florissant.

Ferdinand commence alors à vouloir traiter sérieusement de la paix ; mais en même temps il demande à la diète de Ratisbonne une armée de quatre-vingt-dix mille hommes pour soutenir la guerre.

1641. Tandis que l’empereur est à la diète de Ratisbonne, le général Bannier est sur le point de l’enlever, lui et tous les députés ; il marchait avec son armée sur le Danube glacé, et sans un dégel qui survint il prenait Ferdinand dans Ratisbonne, qu’il foudroya de son canon.