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ÉTAT DE L’ALLEMAGNE SOUS JOSEPH Ier.

riale de Vienne au nom de l’empereur, malgré les lois de l’empire :

« Nous déclarons que Maximilien, jusqu’à présent électeur et duc de Bavière... a encouru de fait le ban et le reban de nous et du Saint-Empire romain, ainsi que toutes les peines qui sont attachées de droit et par l’usage à de semblables déclarations et publications, ou qui en sont la conséquence : Nous le déposons, le déclarons, et dénonçons déposé, privé, et déchu des grâces, priviléges, droits régaliens, dignités, titres, scels, propriétés, expectatives. États, possessions, vassaux, et sujets, quels qu’ils soient, qu’il tient de nous et de l’empire ; Nous abandonnons aussi le corps dudit Maximilien, ci-devant électeur de Bavière, à tous et à un chacun, de manière qu’étant privé, de notre part et de celle de l’empire, de toute paix et de toute protection, et ayant été mis, ou plutôt s’étant mis par son propre fait, dans un état où il ne devait avoir ni paix ni sûreté, un chacun pourra tout entreprendre contre lui, impunément et sans forfaire... Défendons aussi à tous et à un chacun, dans l’empire, d’avoir avec lui aucun commerce, de lui donner l’hospitalité ni prêter secours ou protection, etc. »

Les électeurs réclamèrent contre cet acte de despotisme ; on les apaisa en leur promettant de le faire ratifier à la diète de Ratisbonne, et leur haine contre Louis XIV l’emporta sur la considération de leurs propres intérêts. Joseph Ier donna le haut Palatinat à la branche palatine, qui l’avait perdu sous Ferdinand II, et qui le rendit ensuite à la branche de Bavière, à la paix de Rastadt et de Bade.

Il agit véritablement en empereur romain dans l’Italie : il confisqua tout le Mantouan à son profit, prit d’abord pour lui le Milanais, qu’il donna ensuite à son frère l’archiduc, mais dont il garda les places et les revenus, en démembrant de ce pays Alexandrie, Valenza, la Loméline, en faveur du duc de Savoie, auquel il donna encore l’investiture du Montferrat pour le retenir dans ses intérêts. Il dépouilla le duc de la Mirandole, et fit présent de son État au duc de Modène. Charles-Quint n’avait pas été plus souverain en Italie. Le pape Clément XI fut aussi alarmé que l’avait été Clément VII. Joseph Ier allait lui ôter le duché de Ferrare, pour le rendre à la maison de Modène que les papes en avaient privée.

Ses armées, maîtresses de Naples au nom de l’archiduc son frère, et maîtresses en son propre nom du Bolonais, du Ferrarois, d’une partie de la Romagne, menaçaient déjà Rome. C’était l’intérêt du pape qu’il y eût une balance en Italie ; mais la vic-