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DU JOURNAL DE GOTTINGUE.

méchant homme. L’auteur du Siècle n’est ni janséniste ni moliniste.

Il se trompe quand il dit que les Français firent des campagnes malheureuses en Bohême, lorsque Louis XV fut à la tête de ses armées. Louis XV, depuis la fin de 1743, n’envoya pas en Bohême un seul régiment.

Il se trompe quand il reproche à l’auteur du Siècle d’avoir dit que les Allemands ne se mettent jamais en campagne qu’au mois d’août. Jamais l’auteur du Siècle n’a répété cette ancienne sottise.

Il se trompe quand il avance que les papes n’ont jamais rendu Castro et Ronciglione. Ils en sont possesseurs, oui ; mais cela prouve-t-il qu’ils ne les aient jamais cédés ? Alexandre VII fut forcé de les rendre pour cent mille écus romains en 1664.

Il se trompe quand il dit que l’Encyclopédie n’est pas un ouvrage très-utile, et quand il conclut qu’il ne vaut rien, de ce qu’il a été critiqué et persécuté dans sa naissance par des ennemis intéressés. Il devait conclure tout le contraire.

Il faudrait tâcher de ne se pas tromper sur tous les points quand on critique un ouvrage.

L’auteur du Siècle de Louis XIV n’a vu aucune des éditions qui ont été faites en France, en Angleterre, et en Hollande. Il lui est tombé entre les mains une petite feuille volante, dans laquelle on relève plusieurs fautes de l’édition de la Haye, et on en rend l’auteur responsable. Il y a, ce me semble, un peu d’injustice dans ce procédé. Ce n’est pas à lui qu’il faut s’en prendre si on a imprimé Pigeri pour Gigeri, Burignac pour Daubignac, et si les éditeurs sont tombés dans d’autres méprises. On ne trouvera pas ces fautes dans l’édition de Genève, corrigée par l’auteur même. Ceux qui se hâtent de faire ces critiques devraient y apporter plus d’équité et plus d’attention. Par exemple, on reproche à l’auteur d’avoir dit que le grand Condé mourut à Chantilly en 1680. Cela n’est pas vrai : l’auteur place cette mort en 1686, non pas à Chantilly, mais à Fontainebleau[1].

On lui reproche d’avoir mis en 1700 la mort de Jacques II, roi d’Angleterre. Cela n’est pas vrai : il dit que c’est en 1701. On lui reproche d’avoir placé la mort de Madame, la première femme du frère de Louis XIV, en 1672. Cela n’est pas vrai : il la place au mois de juin 1670.

  1. Voyez, tome XIV, pages 6 et 465, les préliminaires et le chapitre xxvii du Siècle de Louis XIV.