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ACTE II, SCÈNE M. 22:j

L E C O Al T E .

Que buono

Pues me rotais! que ircneroso mozuelo!

Vers '13. Mes pareils à doux fois ne se font pas connoître,

Et pour leurs coups d'essai veulent des coups de maître.

Coups d'essai, coups de maître, termes familiers qu'on ne doit jamais employer dans le tragique; de plus, ce n'est qu'une répé- tition froide de ce beau vers :

La valeur n'attend pas le nombre des années.

Scudéri censurait des beautés, et ne vit pas ce défaut.

Vers 22. Ton bras est invaincu, mais non pas invincible.

Ce mot invaincu n'a point été employé par les autres écri- vains ; je n'en vois aucune raison : il signifie autre chose qiVin- domptè, un pays est indompté, un guerrier est invaincu. Corneille l'a encore employé dans les Horaccs. Il y a un dictionnaire d'or- thographe où il est dit que invaincu est un barbarisme. Non; c'est un terme hasardé et nécessaire. Il y a deux sortes de barba- rismes : celui des mots et^ celui des phrases. Ègcdiser les fortunes pour cgcdcr les fortunes; au parfait, au lieu de parfaitement; cdu- quer, pour donner de l'éducation, élever : voilà des barbarismes de mots. Je crois de bien faire, au lieu de je crois bien faire: encenser aux dieux, pour encenser les dieux; je vous aime tout ce qu'on peut aimer: voilcà des barbarismes de phrases.

SCÈNE VI.

Vers 23. Don Sanche, taisez-vous, et soyez averti

Qu'on se rend criminel à prendre son parti.

Cette scène paraît presque aussi inutile que celle de l'infante; €lle avilit d'ailleurs le roi, qui n'est point obéi^. Après que le roi A dit : Taisez-vous, pourquoi dit-il, le moment d'après : Parlez? et il ne résulte rien de cette scène.

Vers 52. Au reste, on nous menace fort.

C'est un petit défaut que cette expression familière; mais n'en est-ce point un très-grand de parler avec tant d'indiflerence

i. C'est la scène préparatoire de la descente des Maures. 31. — CoMM. SLR Corneille. I. lo

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