Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/402

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

392 -REMARQUES SUR POLYEUCTE.

Pauline en parlant à Sévère pour ce mari même, à la grandeur d'àme de Sévère : voilà ce qui rend l'amour de Pauline infini- ment théAtral, et digne de la tragédie.

��SCENE III.

��Vers 2 Votre esprit est liors de ses alarmes.

On dit hors d'alarmes, hors de crnintejiors de danger; mais non hors de ses alarmes, de sa crainte, de son danger, parce qu'on n'est pas hors de quelque chose qu'on a. Il est hors de mesure, et non hors de sa mesure; cet mot hors, bien employé, peut devenir

��noble :

��Mais le cœur d'Emilie est hors de son pouvoir ^

��Vers 11. Mais soit cette croyance ou fausse ou véritable,

Son séjour en ces lieux m'est toujours redoutable.

Soit cette' croyance n'est pas français; il faut : Que cette croxjance soit fausse ou véritable.

Je ne sais, au reste, si ce passage suhil de la tendress^ pour Sévère à la crainte pour son mari est bien naturel, si cela n'est pas ce qu'on appelle ajusté au théâtre. Le spectateur n'est point du tout ému de ce renouvellement de crainte pour Polycucte. Ne sent-on pas qu'une femme qui sort d'une conversation tendre avec son amant ne s'afflige que par bienséance pour son mari ?

SCÈNE IV.

Vers 1. C'est trop verser de pleurs; ils est temps qu'ils tarissent.

Si Pauline verse des pleurs, c'est son amour pour Sévère, et le combat de cet amour et de son devoir, qui la font pleurer. Il est clair qu'elle ne peut pleurer de ce que Polyeucte est sorti pendant une heure. Cette méprise dePolyeuctepeut jeter un peu d'avilissement sur le rôle d'un mari qui croit qu'on a pleuré son absence, tandis qu'on a entretenu un amant.

Vers 3. Malgré les faux avis par vos dieux envoyés, Je suis vivant, madame, et vous me revoyez.

Il faut sous-entendre que vous croyez envoyés par vos dieux, car Polyeucte, chrétien, ne doit pas croire que les dieux des Romains envoient des songes.

t. Cinna, acte III, scène iv.

�� �