Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Histoire de l’établissement du christianisme[1]


Chapitre I. Que les Juifs et leurs livres furent très longtemps ignorés des autres peuples.

D’épaisses ténèbres envelopperont toujours le berceau du christianisme. On en peut juger par les huit opinions principales qui partagèrent les savants sur l’époque de la naissance de Jésu ou Josuah ou Jeschu, fils de Maria ou Mirja, reconnu pour le fondateur ou la cause occasionnelle de cette religion, quoiqu’il n’ait jamais pensé à faire une religion nouvelle. Les chrétiens passèrent environ six cent cinquante années avant d’imaginer de dater les événements de la naissance de Jésu. Ce fut un moine scythe, nommé Dionysios (Denys le petit), transplanté à Rome, qui proposa cette ère sous le règne de l’empereur Justinien ; mais elle ne fut adoptée que cent ans après lui. Son système sur la date de la naissance de Jésu était encore plus erroné que les huit opinions des autres chrétiens. Mais enfin ce système, tout faux qu’il est, prévalut. Une erreur est le fondement de tous nos almanachs.

L’embryon de la religion chrétienne, formé chez les Juifs sous

  1. Cet ouvrage, composé par Voltaire en 1776, a été publié pour la première fois dans les éditions de Kehl, où on lui donne la date 1777, que je lui ai laissée. Voltaire voulait le donner comme étant d’un auteur anglais, puisque, dans le chapitre XII, il dit notre Dodwell et notre roi Jacques dans le chapitre XXIII, notre roi Charles Ier, dans le chapitre XXV, nos papistes d’Irlande. (B.)