Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/532

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Trop peu de flatterie de donner le gomcriienicnt de toute la Syrie ! et la fortune qui embrasse Placide ! Quelles expressions ! quel style ! quelle négligence !

��Vers 7. Certes, si je in'enflois de ces vaines fumées

Dont on voit à la cour tant d'âmes si charmées...

Il faut convenir que ce style est has et incorrect, et malheii- reusement la plus grande partie de la pièce est écrite dans ce goût.

On a exigé un commentaire sur toutes les pièces de Corneille, mais toutes n'en méritent pas. Que verra-t-on par ce commen- taire ? Que nul auteur n'est jamais tombé si bas, après être monté si haut. La seule consolation d'un travail ingrat est que du moins tant de fautes peuvent être de quelque utilité. Elles feront voir aux étrangers que les beautés ne nous aveuglent pas sur les dé- fauts; que notre nation est juste en admirant et en désapprou- vant; et les jeunes auteurs, on voyant ces chutes déplorables et si fréquentes, en seront plus sur leurs gardes.

Vers 9. Si l'éclat des grandeurs avoit pu me ravir,

J'aurois de quoi me plaire et de quoi m'assouvir.

Un éclat qui peut ravir ! un homme qui aurait de quoi se plaire et de quoi s'assouvir ! Nul auteur n'a jamais écrit plus mal et mieux. Voilà pourquoi on disait que Corneille avait un démon qui fit pour lui les belles scènes de ses tragédies, et qui lui laissa faire tout le restée

Vers -12. A moins que de leur rang, le mien ne sàuroit croître

n'est pas français. Un rang ne croît pas ; on passe, on s'élève d'un rang à un autre.

Vers 14. On y monte souvent par de moindres degrés

n'est pas plus exact que le reste; on ne monte pas à un titre.

Vers 15. Mais ces honneurs pour moi ne sont qu'une infamie, Parce que je les tiens d'une main ennemie.

Parce que est une conjonction dure à l'oreille, et traînante en vers : il faut toujours l'éviter; mais quand il est répété, il devient intolérable. On pardonne toutes ces fautes dans des ouvrages remplis de beautés comme les précédents.

1. C'était iMolicre qui disait cela; voyez !a remarque sur le vers 59 de la scène IV du IIP acte de Sertoriits.

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