Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/533

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE I, SCtNK 1. o2.J

Vers 19 Ce cœur n'est poiiU à vendre.

On poulcliro, dans lo style noble, vendre son scvif/, vendre son honneur a la fortune: mais un cœur ii vendre est bas.

Vers 25. Va plus outre,

terme autrefois familier, et qui n'est plus français.

Vers 26. Joins le vouloir des dieux à leur autorité.

Pourquoi le vouloir des dieux. ^ Cet hymen n'est point ordonni' par un oracle ; les dieux sont ici do trop ; le vouloir n'est plus d'usage.

Vers 27. Assemble leur faveur, assemble leur colère.

Il faudrait /curs faveurs au pluriel, parce qu'on ne peut assem- bler une seule chose.

Vers 37. Sitôt qu'à son parti le bonheur eut manqué. Sa tète fut proscrite et son bien confisqué.

Toutes ces expressions sont faibles, prosaïques, et rampantes.

Vers 43. Et depuis ce moment Marcelle a fait chez nous Un destin que tout autre auroit trouvé fort doux

est du style bas et négligé de la comédie. En voilà assez sur le style de la pièce, dont les fautes ne sont rachetées par aucun morceau sublime. Nous nous contenterons de remarquer les endroits moins faibles que les autres. Il est étrange que Cor- neille ait senti le vice de son sujet, et qu'il n'ait pas senti le vice de sa diction.

Vers 57. Puisque avec tant d'effort on vous voit travailler A mettre ailleurs l'éclat dont elle doit briller...

Travailler à mettre ailleurs un éclat!

Vers 59 Votre âme ravie

Lui veut donner ce trône élevé pour Flavie.

Le terme de trône ne peut jamais convenir à un gouverneur de province.

Vers 63. Flavie, au lit malade, en meurt de jalousie.

Ce style prosaïque est inadmissible dans le tragique ; la poésie n'est faite que pour déguiser et embellir tous ces détails. Voyez comment Racine rend la même idée :

Phèdre atteinte d'un mal qu'elle s'obstine à taire. Lasse enfin d'elle-même et du jour (|ui l'éclairé '.

1. Plikire, acte I, scène i.

�� �