Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome32.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
REMARQUES
SUR LA TOISON D’OR
TRAGÉDIE REPRÉSENTÉE EN 1660[1].

PRÉFACE DU COMMENTATEUR.

L’histoire de la Toison d’or est bien moins fabuleuse et moins frivole qu’on ne pense. C’est de toutes les époques de l’ancienne Grèce la plus brillante et la plus constatée. Il s’agissait d’ouvrir un commerce, de la Grèce aux extrémités de la mer Noire. Ce commerce consistait principalement en fourrures, et c’est de là qu’est venue la fable de la Toison. Le voyage des Argonautes servit à faire connaître aux Grecs le ciel et la terre. Chiron, qui était de cette expédition, observa que l’équinoxe du printemps était au milieu de la constellation du Bélier ; et cette observation, faite il y a environ 4,300 années, fut la base sur laquelle on s’est fondé depuis pour constater l’étonnante révolution de vingt-cinq mille neuf cents années, que l’axe de la terre fait autour du pôle.

Les habitants de Colchos, voisins d’une peuplade de Huns, étaient des barbares, comme ils le sont encore aujourd’hui. Leurs femmes ont toujours eu de la beauté. Il est très-vraisemblable que les Argonautes enlevèrent quelques Mingréliennes, puisque nous avons vu de nos jours un homme[2] envoyé à Tornéo pour mesurer un degré du méridien, enlever une fille de ce pays-là. L’enlèvement de Médée fut la source de toutes les aventures attribuées à cette femme, qui probablement ne méritait pas d’être connue. Elle passa pour une magicienne. Cette prétendue magie était l’usage de quelques poisons qu’on prétend être assez com-

  1. Voyez la note de la page suivante.
  2. Maupertuis ; voyez, tome IX, le quatrième des Discours sur l’Homme.