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20G REMARQUES SUR SERTORIUS.

Vers 3. Qu'un nom à qui la guerre a l'ait trop applaudir Dans l'ombre de la paix trouvai à s'agrandir?

Comment est-ce qu'un nom trouve quelque chose? Sertorius veut dire qu'il n'a jamais reçu tant d'honneurs; mais un nom ne s'agrandit pas, et il ne fallait pas qu'il commençât une conver- sation polie et modeste par dire que la guerre a fait applaudir à son nom. Ce n'est pas au nom qu'on applaudit, c'est à la per- sonne, aux actions.

Vers 9. , Faites qu'on se retire.

Pompée ne doit pas demander qu'on se retire, pour pouvoir dire en liberté à Sertorius qu'il l'estime. On peut faire un com- pliment en public, et faire ensuite retirer les assistants. Cela même eût fait un bon effet au théâtre.

��SCÈNE IL

Vers 1 . L'inimitié qui règne entre nos deux partis

N'y prend pas de l'honneur tous les droits amortis. Comme le vrai mérite a ses prérogatives Qui prennent le dessus des haines les plus vives, L'estime et le respect sont de justes tributs Qu'aux plus fiers ennemis arrachent les vertus.

Cet amortissement des droits, ces prérogatives du vrai mérite t gâtent un peu ce commencement du discours de Pompée. Préro- gatives n'est pas le mot propre, et des prérogatives qui prennent le dessus des haines! Rien n'est moins élégant. Quand même ces deux vers seraient bons, ils pécheraient en ce qu'ils sont inutiles; ils affaibliraient ces deux beaux vers si nobles et si simples :

L'estime et le respect sont les justes tributs Qu'aux cœurs même ennemis arrachent les vertus.

Rien de trop, voilà la grande règle.

Vers 3. Comme le vrai mérite a ses prérogatives, etc.

Cette phrase, ce comme, ne conviennent pas à Pompée. Cela sent trop son rhéteur. Ce tour est trop apprêté, cette expression trop prosaïque. Le défaut est petit ; mais il faut remarquer tout dans un dialogue aussi important que celui de Pompée et de Sertorius.

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