Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome32.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE III, SCÈNE II. 20!)

On se servait encore de piques en France, lorsqu'on repré- senta Sertorius; et cette expression était plus noble qu'aujour- d'hui.

Vers 59. De si hautes leçons, seigneur, sont difficiles,

Et pourroient vous donner quelques soins inutiles, Si vous faisiez dessein de me les expliquer Jusqu'à m'avoir appris à les bien pratiquer.

Le dernier vers n'a pas un sens net. On ne sait si l'intention de l'auteur est : si vous vouliez m'expliquer mes leçons jusqu'à ce que vous m'apprissiez à les mettre en pratique. Mais fain dessein de les expliquer jusqu'à m'avoir appris est un contre-sens en toute langue. Faire dessrin est un barbarisme.

Vers 75. Est-ce être tout Romain qu'être chef d'une guerre Qui veut tenir aux fers les maîtres de la terre ?

On est chef de parti, on n'est pas chef d'une guerre. Le mot est trop impropre.

Vers 79. C'est vous qui sous le joug traînez des cœurs si braves, Traîner des cœurs peut se dire. Racine a dit ' :

Charmant, jeune, traînant tous les cœurs après soi. Mais cet après soi ou après lui est absolument nécessaire. Entraînant après lui tous les cœurs des soldats.

Vers 89. Mais vous jugez, seigneur, de l'âme par le bras, Et souvent l'un paroît ce que l'autre n'est pas.

Ces expressions sont trop négligées ; et comment un bras peut-il paraître différent d'une âme? La plupart des fautes de lan- gage sont au fond des défauts de justesse.

Vers 99. Je servirai sous lui tant qu'un destin funeste De nos divisions soutiendra quelque reste.

Soutiendra n'est pas le mot propre. On entretient un reste de divisions, on les fomente, etc. On soutient un parti, une cause, une prétention ; mais c'est un très-léger défaut dans un aussi beau discours que celui de Pompée.

Lorsque deux factions divisent un empire,

Chacun suit au hasard la meilleure ou la pire ;

Mais quand le choix est fait, on ne s'en dédit plus, e!c.

1 . Phèdre, acte II, scène v. 32. — Comh. sdr Corneille. II. li

�� �