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218 REMARQUES SUR SERTORIUS.

qu'il no lui en coûterait que deux ou trois soupirs, Sertorius paraît trop petit. Viriate d'ailleurs lui dit à peu près les mêmes choses qu'Aristie a dites à Pompée. L'une dit : Me voulez-vous? ne me vou- lez-vous pas? L'autre dit : M'aimez-vous? L'une veut que Pompée lui rende sa main; l'autre, que Sertorius lui donne sa main. Pompée a parlé politique à sa femme; Sertorius parle politique à sa maîtresse. Viriate lui dit : Vous savez que l'amour n'est pas ce qui me presse. L'un et l'autre s'épuisent en raisonnements. Enfin Viriate finit cette scène en disant :

Je suis reine; el qui sait porter une couronne, Quand il a prononcé, n'aime point qu'on raisonne.

C'est parler à Sertorius, dont elle dépend, comme si elle pin- lait à son domestique, et ce n'aime point qu'on raisonne esl d'un comique qui n'est point supportable : la fierté est ridicule quand elle n'est pas à sa place.

Vers 8. Ce n'est pas en effet ce qui plus m'embarrasse, etc.

Obéir sans remise, une offre en l'air, assurer des nœuds, une frènési /massif au dernier éclat.

Quels vers! quelles expressions! Et de petits écoliers 1 oseront me reprocher d'être trop sévère ?

Vers |9. Et quand l'obéissance a de l'exactitude,

Elle voit que sa gloire est dans la promptitude.

Une obéissance <jai a de l'exactitude .' Vers 29. Je n'ai done qu'à mourir en faveur de ce choix.

11 n'y a guère, dans toutes ces scènes, d'expression qui soit juste ; mais le pis est que les sentiments sont encore moins naturels. Un vieux factieux tel crue Sertorius doit-il dire à une femme qu'il mourra en faveur du choix qu'elle fera d'un autre?

��1. « Ces écoliers, dit Palissot, dont Voltaire parie avec indignation, et qu'il eût affligés davantage en n'en parlant pas, étaient les écrivains à la semaine, qui, Lorsque cel ouvrage parut, s'érigèrent tous en vengeurs de Corneille, moins par zèle pour sa mémoire que pour outrager Voltaire... Si l'on en croyait ces critiques, Théodore, Pertharite, Attila même, étaient des ouvrages où le génie de ce grand homme se montrait encore tout entier, et très-supérieurs aux meilleures tragédies de Voltaire, qui ne 1rs avait décriés que par jalousie. Tel était le zèle de ces mes- sieurs pour la gloire d'un mort qu'ils auraient outragé pendant sa vie. Mais d'où venait Leur emportement contre Voltaire? Du sentiment de leur médiocrité, qui les avertissait de son mépris. »

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