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ACTE I, SCÈNE IV. 17

Vers il. Résous-la de l'aimer, si tu veux qu'elle vive.

Je crois qu'on pourrait dire, en vers, résoudre de, aussi bien que résoudre a, quoique ce soit un solécisme en prose ; mais il est plus essentiel de remarquer qu'il est bien étrange qu'un mo- narque dise à son fils : Résous cette princesse à t'aimer, ou je la ferai mourir. 11 n'y a aucun exemple dans le monde d'une pareille proposition. Elle parait d'autant plus extraordinaire que Phocas a dit qu'on n'a nul besoin de Pulchérie. En un mot,cela n'est pas dans la nature.

Vers 42. Sinon, j'en jure encore, et ne t'écoute plus, Son trépas, dès demain, punira ses refus.

Il en jure encore; il n'a pourtant point juré, et il répète, pour la sixième fois, qu'il tuera cette Pulchérie, ou qu'il la mariera.

SCÈNE IV.

Vers 1. En vain il se promet que sous cette menace

J'espère en votre cœur surprendre quelque place.

Que d'incongruités! quel galimatias! quel style!

Vers 7. Vous aurez en Léonce un digne possesseur.

Le lecteur doit savoir que Léonce, dont on n'a point encore parlé, passe pour le fils de Léontine, ancienne gouvernante du prince Héraclius, fils de Maurice, et du prince Martian, fils de Phocas. On ne sait point encore que ce prétendu Léonce a été changé en nourrice, et qu'il est le véritable Martian. Il eût été à souhaiter peut-être que dès la première scène ces aventures eussent été éclaircies, mais avec un peu d'attention il sera aisé de suivre l'intrigue ; il est triste qu'on ait besoin de cette atten- tion, qui d'un divertissement nous fait une fatigue, comme dit Boi- leau 1 .

Vers 10. Je suis aimé d'Eudoxe autant comme je l'aime.

Cette Eudoxe est une fille de Léontine, que par conséquent Martian croit sa sœur. On n'a point encore parlé d'elle, et le véri- table Héraclius, cru Martian, s'occupe ici de l'arrangement d'un double mariage.

On ne s'arrêtera point à la faute grammaticale, aimé autant

I. Art poétique, III, 32. 32. — Comm. sir. Corneille. II. 2

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