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ACTE V, SCÈNE III. 321

Mais il y en a aussi d'heureux et de naturels auxquels tout l'art de Racine ne pourrait rien ajouter.

Et qui me répondra que vous serez fidèle?... Votre légèreté peut me laisser ailleurs, etc.

La scène finit mal : Donnez l'ordre qu'il faut, je serai prête à tout. C'était là qu'on attendait quelques combats du cœur, quelques remords, et surtout de beaux vers qui rendissent le rôle de Phèdre plus supportable.

��ACTE CINQUIÈME.

SCÈNE I.

Vers 14. Ma mort n'est qu'un malheur qui ne vaut pas le craindre.

Cette expression n'est pas française : c'est un reste des mau- vaises façons de parler de l'ancien temps, que Thomas Corneille se permettait rarement,

Il y a beaucoup d'art à jeter, dans cette scène, quelques légers soupçons sur Phèdre, et à les détruire. On ne peut mieux pré- parer le coup mortel qu'Ariane recevra quand elle apprendra que Thésée est parti avec sa sœur. Il est vrai que le style est bien négligé : l'intérêt se soutient, et c'est beaucoup ; mais les oreilles délicates ne peuvent supporter

Que la jeune Cyane est celle que l'on croit

Que Thésée... — On la nomme à cause qu'il la voit.

Un tel style gâte les choses les plus intéressantes.

SCÈNE II.

Vers 18. Si l'on m'avoit dit vrai, vous seriez hors de peine.

Pirithoûs est ici plus petit que jamais. L'intime ami de Thé- sée ne sait rien de ce qui se passe, et ne joue qu'un personnage de valet.

SCÈNE III.

Vers 1 Que fait ma sœur? vient-elle ? etc.

Cette scène est véritablement intéressante : elle montre bien qu'il faut toujours, jusqu'à la fin, de l'inquiétude et de l'incerti- tude au théâtre.

32. — Com m. sur Corneille. II. 21

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