Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome32.djvu/431

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SUPPLÉMENT AUX POÉSIES. 421

Laissant tomber son ciseau de sa main, Avide, baise, admire et baise encore; Dans ses regards, dans ses vœux incertain, Des yeux, des mains, de tous ses sens dévore, Presse en ses bras ce marbre qu'il adore, Et tant, dit-on, le baisa, le pressa (Mortels, aimez, tout vous sera possible) Que de son àme un rayon s'élança, Se répandit dans ce marbre insensible, Qui par degrés devenu plus flexible, S'amollissaut sous un tact amoureux, Promet un cœur à son amant heureux. Sous cent baisers d'une bouche enflammée La froide image à la fin animée Respire, sent, brûle de tous les feux, Etend les bras, soupire, ouvre les yeux, Voit son amant plus tôt que la lumière. Elle le voit, et déjà veut lui plaire, Craint cependant, dérobe ses, appas, Se cache au jour, dompte son embarras ; En rougissant à son vainqueur se livre, Puis moins timide et souriant tout bas, Avec transport de tendresse s'enivre, Presse à son tour son amant dans ses bras, S'anime enfin à de nouveaux combats, Et semble aimer même avant que de vivre.

��ENVOI.

Toi dont l'esprit, les grâces m'ont charmé, Puissent mes vers transmettre en toi ma flamme Permets qu'amour pour moi te donne une âme. Qui n'aime point est-il donc animé ?

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