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52 REMARQUES SUR HERACLIUS.

Vers 116. Mon nom seul esl coupable...

C'est là, ce me semble, une très-noble hardiesse d'expression. Vers 118. Il conspira tout seul, tu n'en es pas complice.

On ne peut pas dire qu'un nom a conspiré. Tu n'en es pas com- plice est une petite faute.

Vers 1 :':'. E( lorsque contre vous il m'a fait entreprendre, La nature en secret auroit su m'en défendre.

Ce verbe entreprendre est actif, et veut ici absolument un ré- gime. On ne dit point entreprendre pour conspiref.

y /;. — C'est parler très-bien que de dire : Jesais méditer, entre- prendre <i agir, parce que alors entreprendre, méditer, ont un sens indéfini. lien est de même de plusieurs verbes actifs qu'on laisse alors sans régime. Il avait une tête capable d'imaginer, un cœur fait pour sentir, un bras pour exécuter; mais j'exécute contre vous, j'entreprends contre vous, j'imagine contre vous n'est pas français. Pourquoi? Parce que ce défini contre vous fait attendre la chose qu'on imagine, (/n'im circule, ci qu'on entreprend. Vous ne vous êtes pas expliqué. Voyez comme tout ce qui est règle est fondé sur la nature.

Vers 129. Juge sous les deux noms ton dessein et tes feux

n'est pas français. Il faut un de . Juger, avec un accusatif, ne se dit que quand on juge un coupable, un procès; on juge une action bonne ou mauvaise. De plus, ce vers est obscur : juge ton dessein ri tes feux sous les deux noms.

Vers \ \i. Et n'eût pas eu pour moi d'horreur d'un grand forfait.

Pour moi n'est pas français ainsi placé ; il veut dire n'eût pas eu horreur de me rendre parricide.

Vers 136. Ce favorable aveu dont elle t'a séduit

T'exposoit aux périls pour m'en donner le fruit.

On ne peut pas dire elle t'a séduit d'un aveu, il faut par un aveu; el aveu n'est pas ici le mot propre, puisque Iléraclius re- garde cette confidence comme une feinte.

Avertissons toujours que ces fautes contre la langue sont par- donnables à Corneille.

Boilcau a dit 1 , et répétons encore après lui :

Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain.

1. Art poétique, I, 161-62.

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