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68 REMARQUES SUR HÉRACLIUS.

Tout cela ressemble peut-être plus à une question d'État, à un procès par écrit, qu'au pathétique d'une tragédie.

Vers 40. Donc, pour mieux l'oublier, soyez encor Léonce.

On a déjà «lit 1 que ce mot donc ne doit jamais commencer un vers.

Vers u. Sous ce nom glorieux aimez ses ennemis.

Et meure du tyrao jusqu'au nom de son fils!

Il semble que ce soient les ennemis de Léonce. Il entend apparemment les ennemis de Phocas.

Vers 49. Vous, madame, acceptez et ma main et l'empire En échange d'un cœur qui pour- le mien soupire.

On ne peut dire que dans le style de la comédie eh êchangt d'un cœur. Un homme ne doit jamais dire, d'Une femme, elle sou- pire pour moi.

Remarquez encore que ce mariage n'est point un échange d'un cœur contre une main ; ce sont deux personnes qui s'aiment.

Vers 51. Seigneur, vous agissez en prince généreux.

Il faut dans la tragédie autre chose que des compliments, et celui-ci ne paraît pas convenable entre deux personnes qui s'aiment.

Vers 52. Et vous dont la vertu me rend ce trouble heureux, Attendant les effets de ma recomioissance, Reconnoissons, amis, sa céleste puissance, etc.

Rendre un trouble heureux à quelqu'un, cela n'est pas français.

En général la diction de cette pièce n'est pas assez pure, assez élégante, assez noble. Il y a de très-beaux morceaux; l'intrigue occupe l'esprit continuellement; elle excite la curiosité; et je crois qu'elle réussit plus à la représentation qu'à la lecture 3 .

1. Remarques sur Rodogune, acte t", scène u.

2. Les éditions de Corneille portent pour qui, ce qui ne présente plus le sens qu'avec raison Voltaire condamne.

{. « M""' du Cliàielei. avait de l'esprit, et l'esprit juste, écrit Voltaire à d'Ar-

gental, qu'il consultait sur ces remarques; je lui lus un jour VHéraclius: elle y trouva quatre vers dignes de Corneille, et crut que le reste était de l'abbé Pclle- grin, avaui que cet abbé fût venu à Paris. »

Cependant M"" du Cbâtelet, dans une Lettre au duc de Richelieu du mois d'a- vril 1735, dit en parlant d'Héraclius: « Je n'ai jamais trouvé Corneille si sublime; il a étonné mon àme : le sentiment de l'admiration est m rarement excité qu'il me

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