Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/18

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premiers mots de chacune d’elles, ce qui, nous avons pu nous en convaincre par notre propre expérience, aidera beaucoup les personnes qui recherchent une pièce dans l’ensemble, et leur épargnera de passer en revue les nombreuses lettres adressées à tel ou tel correspondant, afin d’en retrouver une seule. Lorsqu’une lettre de Voltaire tombe sous vos yeux, vous voulez vous assurer d’abord si elle existe dans la correspondance publiée. Quand cette lettre est datée, l’ordre chronologique vous rend la recherche facile ; mais, quand il n’y a pas de date ou que la date en a été changée, les premiers mots offrent le moyen de la reconnaître. Il nous est arrivé souvent de rencontrer dans nos lectures des lettres de Voltaire désignées seulement par les premiers mots. Dans les catalogues d’autographes cela se voit constamment. Il faut, pour les retrouver, feuilleter la correspondance au hasard. Notre table obviera autant qu’il est possible à cet inconvénient.

Telles sont les principales explications que nous avons à fournir au lecteur en abordant cette partie de notre publication. La correspondance de Voltaire est ici complètement renouvelée. Il ne s’agit point, bien entendu, d’annoncer quelque chose de définitif. Nous ne savons que trop qu’il reste encore à exhumer des archives publiques ou particulières une énorme quantité de lettres. Voltaire dit à Formont, à la date du 24 juillet 1734 : « Je n’irai pas plus loin, car voilà, mon cher ami, la trentième lettre que j’écris aujourd’hui. » Et de ces trente lettres nous n’en connaissons que deux ! « On trouvera, dit M. Henri Beaune, des lettres de Voltaire jusqu’au jugement dernier, » L’expression n’est pas voltairienne, mais elle est significative.

Bien des collections notables nous ont échappé ; bien des détenteurs n’ont pas répondu à notre appel, au moins jusqu’aujourd’hui. Mais il n’est pas possible en pareille matière de prétendre jamais être complet. Nous avons la conscience d’avoir constitué un ensemble tout autre que celui formé par Beuchot, un faisceau plus serré, une trame plus solidement ourdie ; d’avoir fait faire enfin à cet étrange et admirable monument, que l’on construit et reconstruit sans cesse et dont l’achèvement ne saurait être prévu, un notable et indéniable progrès.

27 février 1880.
Louis MOLAND.