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la quatrième[1] Épître de Pope, sur le Bonheur. Si vous connaissez quelque femme à Paris qui en fasse autant, mandez-le-moi.

Après avoir ainsi passé ma journée, j’ai reçu votre lettre du 5 février ; nouvelles preuves de votre tendresse, de votre goût, et de votre jugement. Je vais me mettre tout de bon à retoucher Alzire, pour l’impression ; mais il faudrait que j’eusse une copie conforme à la manière dont on la joue. Samson devait partir par cette poste, mais je suis obligé de dicter mes lettres, et j’occupe à vous faire parler mon cœur la main qui devait transcrire mes sottises philistines et hébraïques. En attendant, je vous envoie le Discours[2] apologétique que je compte faire imprimer à la suite d’Alzire. Je remplis en cela deux devoirs : je confonds la calomnie, et je célèbre votre amitié.

J’attends avec impatience le sentiment de Pollion et le vôtre sur ma dédicace à Mme du Châtelet. Je veux vous devoir l’honneur de pouvoir dire à M. de La Popelinière dorénavant :

Albi, nostrorum sermonum candide judex.

(Hor., ep. iv, lib. 1.)

Son bon mot sur Pauline et sur Alzire est une justification trop glorieuse pour moi : c’est peut-être parce qu’il n’a vu jouer Pauline que par Mlle Duclos[3], vieille, éraillée, sotte et tracassière, qu’il donne la préférence à Alzire, jouée par la naïve, jeune et gentille Gaussin. Dites de ma part à cette Américaine :

Ce n’est pas moi qu’on applaudit,
C’est vous qu’on aime et qu’on admire ;
Et vous damnez, charmante Alzire,
Tous ceux que Guzman convertit.

De Launai[4] se damne d’une autre façon par les perfidies les plus honteuses. Il y a longtemps que je sais de quoi il est capable, et, des que j’ai su que Dufresne lui avait confié la pièce, j’ai bien prévu l’usage qu’il en ferait. Je ne doute pas qu’il ne la fasse imprimer furtivement, et qu’il n’en fasse quelque malheureuse parodie. Il a déjà fait celle de Zaïre, dans laquelle il a eu l’insolence de mettre M. Falkener sur le théâtre, par son propre nom[5]. C’est ce même Falkener, notre ami, qui est aujourd’hui

  1. Cette quatrième Épître appartient à l’Essai sur l’Homme.
  2. Voyez la note sur la lettre 555.
  3. Voyez la lettre 21.
  4. Voyez la lettre 232, et, tome X, les variantes de l’Épître sur la Calomnie.
  5. Voyez la note, tome I, page 537.