Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/575

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obligation à ceux qui m’impriment actuellement s’ils veulent entrer dans mes vues, et je ne croirai point d’argent mieux employé. Il y a beaucoup d’endroits de la Henriade, et surtout de mes tragédies, dont je ne suis point du tout content. À l’égard de l’Histoire de Charles XII, je suis actuellement occupé à la réformer. J’en ai déjà envoyé plus d’un tiers aux libraires ; mais je leur conseillerais d’attendre, pour la réimprimer, que M. Nordberg, chapelain de Charles XII, ait donné la sienne[1] ; elle doit être en quatre volumes in 4°. Il sera sans doute entré dans de très-grands détails utiles et agréables pour des Suédois, mais peut-être moins intéressants pour les autres peuples. Il différera sans doute de moi dans plusieurs faits : car, quoique j’aie écrit sur les mémoires de MM. de Villelongue, Fabrice, Fierville, tous témoins oculaires, M. Nordberg aura pu très-bien voir les mêmes choses avec un œil tout différent ; et mon devoir sera de profiter de ses lumières en rapportant naïvement son sentiment, comme j’ai rapporté celui des personnes qui m’ont confié leurs mémoires. Je n’ai et ne puis avoir d’autre but que l’amour de la vérité ; mais il y a plus d’une vérité que le temps seul peut découvrir. Si donc les libraires veulent attendre un peu, l’ouvrage n’en sera que meilleur ; s’ils n’attendent pas, il faudra bien le corriger un jour. Un homme qui a eu la faiblesse d’être auteur doit, à mon sens, réparer cette faiblesse en réformant ses ouvrages jusqu’au dernier jour de sa vie. Je suis, etc.


930. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[2].
2 (septembre 1738).

J’ai été si mal, mon cher abbé, et je suis encore si faible, que je ne peux écrire à personne ; mais le peu de force que j’ai, je l’emploie à vous écrire à vous uniquement.

Je vous serai très-obligé de faire finir les affaires de M. d’Auneuil et de M. de Richelieu.

À l’égard de M. d’Auneuil, délégation sur ses maisons, c’est-à-dire signification des contrats aux locataires, avec une lettre d’avis et de politesse à M. d’Auneuil, finira tout.

Un petit mot, de la part de mon fondé de procuration à M. le duc de Richelieu, fera merveille.

  1. Elle parut en 1740, deux volumes in-folio, et fut traduite en français par Warmholtz (1748, quatre volumes in-4o), à qui est adressée la lettre du 12 mars 1741.
  2. Édition Courtat.