Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/165

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1054. — À M. LÉVESQUE DE BURIGNY[1].
À Cirey, ce 4 février.

Si vous daignez, monsieur, prévenir les suites les plus cruelles d’une affaire dans laquelle plusieurs officiers de mes parents s’intéressent jusqu’à sacrifier leur vie, ayez la bonté d’obtenir une réponse de Saint-Hyacinthe, je vous en conjure. Il vous doit beaucoup ; il ne peut rien ou du moins ne doit rien vous refuser, et je crois qu’il n’osera point n’être pas vertueux devant vous : vous ne sauriez croire les obligations que je vous aurai.

Souffrez que je vous adresse cette lettre pour lui : le plus grand service que vous puissiez me rendre est de me faire avoir une réponse qui prévienne des suites qui seraient affreuses.


1055. — À M. THIERIOT[2].
Ce 4 février.

Tout est-il enfin éclairci, et ce monstre de Desfontaines pourra-t-il se vanter d’avoir répandu des nuages sur une amitié si respectable et si tendre ?

Avez-vous enfin compris combien votre silence avait dû alarmer Cirey, dans un temps où un seul mot de vous eût dû tout prévenir ? Êtes-vous revenu du malheureux soupçon qui vous a passé par la tête, au sujet des souscriptions ? Il ne s’agissait que de fermer la bouche à quiconque dirait que je n’ai pas tout remboursé : est-ce là une commission désagréable ? Un mot, de grâce, d’amitié à M. du Châtelet ; dites-lui que vous avez fait tout ce qu’il a demandé, que vous l’aviez prévenu, et tout est fini.

Songez bien à la récrimination de l’abbé Desfontaines sur les Lettres philosophiques.

Je voudrais avoir un désaveu de Saint-Hyacinthe au sujet du libelle dont il est question dans la Voltairomanie. C’est un point essentiel. Je voudrais le désaveu fort et authentique. J’en écris à M. le chevalier d’Aidie, à M. d’Argental, à Mme de Champbonin. On pourrait se venger dans le sang de ce coquin de Saint-Hyacinthe ; mais on retient le zèle indiscret des personnes qui voulaient lui aller couper les oreilles. Les larmes respectables de la meilleure amie qui ait jamais été me retiennent ici malgré

  1. Voyez la note sur la lettre 1049.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.