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2622. — À M. ***[1].
(8 juillet.)

Je partis si tard hier, monsieur, j’étais si malade que je ne pus avoir l’honneur de prendre congé de vous. Ma destinée a été de souhaiter en vain de jouir de vos bontés et de votre société, et d’être inutilement dans la même ville que vous. Je vous prie de permettre que je fasse ici mes compliments aux personnes qui sont auprès de vous, et à cet officier que vous m’amenâtes, qui m’a paru si aimable, et qui ne m’a vu que sur mon grabat. Je ne crois pas que vous ayez au monde un serviteur plus inutile et plus attaché que V…


Dimanche.

2623. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE,
au baron de Freytag[2].
À Potsdam, ce 9 juillet 1753.

J’ai reçu une lettre de Voltaire qui me parle encore de sa liberté. Vous devez avoir reçu les ordres que je vous ai donnés de le laisser aller où bon lui semblera, ainsi que sa nièce. Je n’avais d’autres prétentions sur lui que de le dépouiller de la croix, de la clef de chambellan, et de retirer le livre

    service du roi, et nous espérons que, comme la reprise de cet ordre et de cette clef nous a procuré tant de désagréments, nous serons un jour honorés de la mission de remettre quelque chose.


    Avec une parfaite estime, nous, etc.

    P. S. Au moment de fermer cette lettre, le bourgmestre nous mande que Voltaire est parti. Nous ne savons pas s’il a eu peur des suites de son énorme tentative de meurtre, ou s’il redoute les lettres de Berlin. Le magistrat est en train d’examiner la chose.

    En attendant, il a laissé son peu d’argent chez le conseiller Schmid ; on pourrait l’employer à donner une satisfaction au secrétaire Dorn, attendu que le cruel événement qui l’a frappé a retenti aussitôt à travers la ville, avec toutes sortes de bruits ajoutés, de sorte que sa femme et ses enfants en ont été saisis d’une affreuse terreur et en sont encore tout à fait malades*. .


    *Ce post-scriptum n’est pas de la main de Freytag, mais de celle de Dorn lui-même on n’a point donné suite à cette proposition, que Varnhagen qualifie d’indécente.

  1. Éditeur, Th. Foisset. — Ce billet est adressé probablement au même personnage que la lettre 2618.

    L’enveloppe de l’original autographe a disparu. Au dos est écrit d’une main inconnue : Le Pe Corsing l’affaire de Voltaire. — On ignore comment ce second billet faisait partie des papiers du chevalier de La Touche. (Th. F.)

  2. Éditeur, Varnhagen von Ense.