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Adieu, mon cher et ancien ami.


Durum ! sed levius fit patientia.

(Hor., lib. I, od. xxiv, v. 19.)

Je mets, au lieu de ce mot, amicitia. V.


2664. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[1].
À Colmar. 24 novembre.

Madame, je reçois la nouvelle marque de bonté dont Votre Altesse sérénissime m’honore. J’ai la qoutte ; le courrier, qui ne l’a pas, va partir : je n’ai que le temps d’assurer à Votre Altesse sérénissime que votre cour est la seule où je voudrais vivre.

Je respecte trop votre médiation pour la rendre infructueuse par une philosophie trop opiniâtre. Je prends la liberté de joindre ici ma réponse à M. de Gotter, et je vous supplie, madame, de l’engager à la faire parvenir à mon infidèle[2]. Si elle ne fait pas de bien, il est sûr qu’elle ne fera pas de mal. L’ingrat, dans le fond de son cœur, doit rougir d’avoir fait tout ce fracas dans l’Europe pour une sottise de Maupertuis, dans laquelle il n’entend rien. Il a eu la rage d’auteur bien mal à propos. Il n’y aurait que les grâces conciliantes de Mme la duchesse de Gotha qui pussent le guérir ; mais de telles grâces ne sont pas celles auxquelles il sacrifie. Que dit à cela la grande maitresse des cœurs ? Cinquante empereurs se mettent à vos pieds, madame ; la goutte, qui tourmente les miens, m’empêche de me livrer davantage aux transports de ma reconnaissance, et de cet attachement respectueux et inviolable que j’ai voué à Votre Altesse sérénissime.


2665. — À M. LE COMTE DE GOTTER.
À Colmar, 21 novembre[3].

Monsieur, Mme la duchesse de Gotha a eu la bonté de m’envoyer le petit mot que vous m’adressez. Un mot suffit pour ranimer les passions. Son Altesse royale avait bien vu quelle était

  1. Éditeurs, Bavoux et François.
  2. Frédéric II.
  3. C’est à tort, croyons-nous, qu’on a toujours daté cette lettre du 21 décembre. Elle ne peut qu’être du même jour que la précédente. (G. A.)