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princesse Amélie[1] et de monseigneur le prince de Prusse[2]. Monseigneur le prince Henri[3] m’a témoigné ici beaucoup de bienveillance. Je me flatte que son auguste famille me conservera les mêmes bontés quand mes profonds respects lui seront présentés par vous.

Adieu, monsieur, vous augmentez bien mes regrets. Comptez que V. vous sera attaché toute sa vie.


2538. — À M. LE MARQUIS D’ARGENS[4].

Frère, je prends congé de vous ; je m’en sépare avec regret. Votre frère vous conjure, en partant, de repousser les assauts du démon, qui voudrait faire pendant mon absence ce qu’il n’a pu faire quand nous avons vécu ensemble ; il n’a pu semer la zizanie. J’espère qu’avec la grâce du Seigneur, frère Gaillard[5] ne la laissera pas approcher de son champ. Je me recommande à vos prières et aux siennes. Élevez vos cœurs à Dieu, mes chers frères, et fermez vos oreilles aux discours des hommes ; vivez recueillis, et aimez toujours votre frère.


2539. — DE M. DE MAUPERTUIS[6].
De Berlin, du 3 avril 1753.

Les gazettes disent que vous êtes demeuré malade à Leyptzig ; les nouvelles particulières assurent que vous n’y séjournez que pour faire imprimer de nouveaux libelles ; pour moi, je veux vous faire savoir des nouvelles de mon état et de mes intentions.

  1. Sœur de Frédéric, femme hardie, entreprenante, capable de tout pour acquérir de l’autorité, ayant de l’esprit, mais encore plus de fausseté, d’une humeur altière, inquiète, frondeuse et tracassiére (Mémoires du chevalier de La Touche). Voyez Biographie universelle, II, 35. (Th. F.)
  2. Le prince royal, frère puîné du grand Frédéric, père de Frédéric-Guillaume II et aïeul de Frédéric-Guillaume III.
  3. Second frère du grand Frédéric. (Voyez Biographie universelle, XX, 181.) Lord Tyrconnell lui accorde des mœurs plus douces que celles de ses aînés, un caractère plus calme, un naturel compatissant et généreux, mais un esprit indécis, ami du repos et de la magnificence. Le chevalier de La Touche lui reproche de la hauteur et des goûts infâmes, malgré la beauté de la princesse son épouse, qui réunissait, dit-il, toutes les qualités brillantes et aimables. (Th. F.)
  4. Ce billet doit être, au plus tard, du 26 mars 1753, jour où Voltaire prit congé de Frédéric.
  5. L’abbé de Prades.
  6. Cette lettre est imprimée dans la Nouvelle Bigarrure (tome III, mai 1753). M. Th. Foisset l’a réimprimée d’après la copie trouvée dans les papiers du chevalier de La Touche ; nous conservons l’orthographe de la copie.