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Les libraires se hâtent déjà de réimprimer le premier volume. On en annonce trois éditions dans les gazettes. C’est votre nom, madame, qui attire cet empressement du public. Il est vrai que cet empressement fait un grand tort à mon libraire, dont on contrefait l’édition ; mais si l’ouvrage plaît, s’il ne paraît pas indigne de la protectrice à laquelle il est dédié, je me consolerai bien aisément. L’état où je suis, madame, ne me permet guère de lui écrire plus au long. J’aurai fini du moins ma carrière heureusement, puisque mon dernier ouvrage lui aura été consacré.

J’ai l’honneur d’être avec le plus profond respect et l’attachement le plus inviolable, madame, etc.


2715. — À MADAME LA COMTESSE DE LUTZELBOURG.
À Colmar, le 13 mars.

Grand merci, madame, de votre consolante lettre ; j’en avais grand besoin, comme malade et comme persécuté : ce sont des bombes qui tombent sur ma tête en pleine paix. Il n’y a que deux choses à faire dans ce monde : prendre patience ou mourir. Mme du Deffant me mande qu’il n’y a que les fous et les imbéciles qui puissent s’accommoder de la vie ; et moi, je lui écris que, puisqu’elle a des rentes sur le roi, il faut qu’elle vive le plus longtemps qu’elle pourra, attendu qu’il est triste de laisser le roi son héritier, quelque bien-aimè qu’il puisse être.

Comment trouvez-vous, madame, la lettre du garde des sceaux[1] à monsieur l’évêque de Metz ? Pour moi, je crois que l’évêque de Metz l’excommuniera. Le trésor royal est déjà en interdit. Je me flatte de venir, au temps de Pâques, faire ma cour aux habitantes de l’île Jard, et de leur apporter mon billet de confession.

On va plaider bientôt ici l’affaire de monsieur votre neveu[2], et de madame votre belle-sœur. Cela est bien triste, mais je ne vois guère de choses agréables. Supportons la vie, madame ; nous en jouissions autrefois. Recevez mes tendres respects.


2716. — À M. DUPONT,
avocat.

Eh bien donc, que les prêtres soient damnés pour être mariés, malgré ce concile de Tolède qui leur ordonne d’avoir femme ou

  1. J.-B. Machault d’Arnouville.
  2. Le baron d’Hattstatt.