Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/249

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Enfin je me suis vu contraint de songer sérieusement à cette Histoire universelle dont on a imprimé des fragments si indignement défigurés. On m’a forcé à reprendre malgré moi un ouvrage que j’avais abandonné, et qui méritait tous mes soins. Ce n’étaient pas les sèches Annales de l’Empire ; c’était le tableau des siècles, c’était l’histoire de l’esprit humain. Il m’aurait fallu la patience d’un bénédictin, et la plume d’un Bossuet. J’aurai au moins la vérité d’un de Thou. Il n’importe guère où l’on vive, pourvu qu’on vive pour les beaux-arts ; et l’histoire est la partie des belles-lettres qui a le plus de partisans dans tous les pays.


Les fruits des rives du Permesse
Ne croissent que dans le printemps ;
D’Apollon les trésors brillants
Font les charmes de la jeunesse,
Et la froide et triste vieillesse,
N’est faite que pour le bon sens.


Adieu, mon cher ami ; je vous aime bien plus que la poésie. Mme Denis[1] vous fait mille compliments. V.


2766. — À M. COLINI.
À Plombières, 12 juillet.

M. Mac-Mahon, médecin de Colmar, m’a apporté votre paquet.

Vous me ferez un plaisir extrême de hâter la reliure des deux volumes en maroquin, pour Son Altesse électorale, et de les envoyer, par la poste, à Mme Defresnei[2], en la priant de les faire tenir par les chariots.

Tâchez qu’au moins l’Épître soit dans ces deux volumes, avant la préface.

Mille tendres amitiés à Mme Goll ; j’espère la voir avec ma nièce. V.


2767. — À M. LE MARQUIS DE XIMENÈS[3].
À Plombières, 14 juillet.

Je voudrais être à Paris, monsieur, pour vous donner ma voix[4] : je serais au moins consolé par l’honneur de vous avoir

  1. Mme Denis était venue à Plombières avec sa sœur : elle accompagna son oncle quand il revint à Colmar.
  2. Directrice de la poste aux lettres, à Strasbourg.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.
  4. Il voulait être de l’académie.