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Lyon. On dit que cela sera fort agréable. Nous vous en rendrons bientôt compte.

Je me lève pour vous dire que nous sommes ici deux solitaires qui vous aimons de tout notre cœur.


2783. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL
À Colmar, le 27 août.

L’épuisement où je suis, mon cher et respectable ami, m’interdit les cinq actes, puisqu’il m’empêche de vous écrire de ma main.

Vous m’avouerez qu’à mon âge trois fois sont bien honnêtes ; j’ai été jusqu’à cinq pour vous plaire ; mais, en vérité, ce n’était que cinq langueurs. Comptez que j’ai fait tout ce que j’ai pu pour m’échauffer le tempérament. Je vous conjure d’ailleurs de tâcher de croire que chaque sujet a son étendue ; que la Mort de César serait détestable en cinq actes, et que nos Chinois sont beaucoup plus intéressants et beaucoup plus faits pour le théâtre. J’aurai, je crois, le temps de les garder encore, puisqu’on va donner le Triumvirat. Le public aura, grâce à vos bontés, une suite de l’histoire romaine sur le théâtre. Vous ferez une action de Romain si vous parvenez à faire jouer[1] Rome sauvée.

Les sentiments de Lekain me plaisent autant que ses talents, mais il faut que je renonce au plaisir de l’entendre. C’est une injustice bien criante de me rendre responsable de deux volumes impertinents que l’imposture et l’ignorance ont publiés sous mon nom. Je ferai voir bientôt qu’il y a quelque différence entre mon style et celui de Jean Néaulme. On aurait dû me plaindre plutot que de se fâcher contre moi ; mais je suis accoutumé à ces petites méprises de la sottise et de la méchanceté humaines. Vous m’en consolez, mon cher ange. Protégez bien Rome et la Chine, pendant que je suis encore sur les bords du Rhin. Mille tendres respects à Mme d’Argental. Je n’en peux plus, mais je vous aime de tout mon cœur.


2784. — À M. LE MARQUIS DE THIBOUVILLE.
Colmar, le 27 août

Oui, je pense plus à vous que je ne vous écris, monsieur ; l’état où je suis ne me permet pas même de vous écrire aujour-

  1. Voltaire ne tarda pas à renocer à ce projet.