Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/312

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tir à M. de Sireuil l’énormité du danger, les parodies de la Foire, et les torche-culs de Fréron. C’est bien malgré moi que je suis obligé de parler encore de vers et de musique :


Nunc itaque et versus et cætera ludicra pono.

(Hor., lib. I, ep. i, v. 10.)

Je bois des eaux minérales[1] de Prangins, en attendant que je puisse prendre les bains d’Aix en Savoie. Tout cela n’est pas l’eau d’Hippocrène.

Je vous embrasse de tout mon cœeur. Mme Denis vous est bien obligée de votre souvenir ; elle vous fait ses compliments. Quand vous voudrez écrire à votre ancien ami le paralytique, ayez la bonté d’adresser votre lettre à M. Tronchin, banquier à Lyon.


2832. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Au château de Prangins, le 19 décembre.

J’apprends, mon cher ami, qu’on a fait chez vous une nouvelle lecture des Chinois, et que les trois magots n’ont pas déplu ; cependant, s’il vous prend jamais fantaisie d’exposer en public ces étrangers, je vous prie de m’en avertir à l’avance, afin que je puisse encore donner quelques coups de crayon à des figures si bizarres. Voici le temps funeste où Royer et Sireuil vont me disséquer. Figurez-vous que j’avais fait donner à Pandore[2] une très-honnête fête dans le ciel par le maître de la maison ; je vous en fais juge. Un musicien doit-il être embarrassé à mettre en musique ces paroles :


Aimez, aimez, et régnez avec nous ;
Le dieu des dieux est seul digne de vous.
Sur la terre on poursuit avec peine
Des plaisirs l’ombre légère et vaine ;
Elle échappe, et le dégoût la suit.
Si Zéphire un moment plaît à Flore,
Il flétrit les f]eurs qu’il fait éclore ;
Un seul jour les forme et les détruit.

    de même de celle à Royer le musicien ; car ce n’est pas celle du 20 septembre 1754, no 2789.

  1. Cette source a été abandonnée.
  2. Acte III