Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/315

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trompé. Je souhaite à Mme de Brenles des couches heureuses, et un fils digne de vous deux. Mme Denis, ma nièce, vous assure l’un et l’autre de ses obéissances. Vous ne doutez pas, monsieur, des sentiments de reconnaissance et d’amitiè qui m’attachent tendrement à vous.


Voltaire.

J’aurais souhaité que M. Bousquet n’eût point mandé à Paris mes desseins.


2834. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Prangin, pays de Vaud, 25 Décembre.

Mon cher ange, vous ne cessez de veiller, de votre sphère, sur la créature malheureuse dont votre providence s’est chargée. Je suis toujours très-malade dans le château de Prangins, en attendant que mes forces revenues, et la saison plus douce, me permettent de prendre les bains d’Aix, ou plutôt en attendant la fin d’une vie remplie de souffrances. Ma garde-malade vous fait les plus tendres compliments, et joint ses remerciements aux miens. Je n’ai ici encore aucun de mes papiers que j’ai laissés à Colmar ; ainsi je ne peux vous répondre ni sur les Chinois, ni sur les Tartares, ni sur les Lettres que M. de Lorges[1] veut avoir. Je crois au reste que ces lettres seraient assez inutiles. Je suis très-persuadé des sentiments que l’on conserve, et des raisons que l’on croit avoir. Je sais trop quel mal cet indigne avorton d’une Histoire universelle, qui n’est certainement pas mon ouvrage, a dû me faire ; et je n’ai qu’à supporter patiemment les injustices que j’essuie. Je n’ai de grâce à demander à personne, n’ayant rien à me reprocher. J’ai travaillé, pendant quarante ans, à rendre service aux lettres ; je n’ai recueilli que des persécutions ; j’ai dû m’y attendre, et je dois les savoir souffrir. Je suis assez consolé par la constance de votre amitié courageuse.

Permettez que j’insère ici un petit mot de lettre[2] pour Lambert, dont je ne conçois pas trop les procédés. Je vous prie de lire la lettre, de la lui faire rendre ; et, si vous lui parliez, je vous prierais de le corriger ; mais il est incorrigible, et c’est un libraire tout comme un autre.

Je ne peux rien faire dans la saison où nous sommes, que de me

  1. Le duc de Lorges.
  2. Elle n’a pas été recueillie. (Cl.)