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Brenles, les plus sincères compliments. Nous n’avons point eu encore le bonheur de vous voir, mais nous avons pour vous les mêmes sentiments que ceux qui vous voient tous les jours.

Voilà un rude hiver pour un malade ; mes beaux jours viendront quand je serai votre voisin.


Voltaire.

2848. — À M. DE CHENEVIÈRES[1].
À Prangins, 13 janvier 1755.

Nous vous prions, mon ami, très instamment, Mme Denis et moi, de donner ou faire donner cette lettre à M. le comte d"Argenson. Il s’agit de faire la fortune d’un des plus estimables hommes du royaume, et cette fortune consiste dans une place de prévôt d’un village, qu’on nomme ville impériale dans la haute Alsace. Nous vous prions d’avoir la bonté de nous dire à quel bureau vont ces affaires, à quel premier commis il faudrait s’adresser, et de nous aider de toutes vos forces pour nous faire réussir. C’est un avocat au conseil souverain de Colmar, nommé Dupont, qui demande la prévôté de Munster. Je crois que cette place est inconnue à Versailles, aussi bien que les Dupont et tous ceux qui la demanderont.

Il est singulier que ce soit des bords du lac de Genève que nous présentions requête pour un Alsacien ; mais cet Alsacien est notre ami intime et un homme d’un mérite rare. Nous tâcherions de le servir, quand même nous serions en Norwége. Nous ne sommes ici qu’en attendant la belle saison, pour aller prendre les eaux d’Aix en Savoie. L’oncle est devenu presque paralytique, la nièce est garde-malade, et tous deux vous aiment de tout leur cœur.


2849. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[2].
Au château de Prangins, pays de Vaud, 14 janvier 1755.

Madame, ceux qui disent que l’homme est libre ont grand tort. Si on était libre, ne serais-je pas aux pieds de Votre Altesse sérénissime ? La prédestination me fait bien plus de peine qu’au prince de Hesse-Cassel ; mais ma grande peine est parce que j’y

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Éditeurs, Bavoux et François.