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Venez, mon cher et ancien ami. Il est bon de se retrouver le soir, après avoir couru dans cette journée de la vie.


2888. — À M. LEKAIN[1].
À Prangins, 27 février.

Mon cher Orosmane, venez à Dijon, où l’on vous admire, et de là dans une maison où l’on vous chérit. Si vous voulez que j’écrive à M. le maréchal de Richelieu pour vous faire obtenir un congé, je hasarderai ma faible recommandation, et Mme Denis y ajoutera la sienne, qui n’est pas faible.

J’aimerai jusqu’au dernier moment le spectacle de Paris qui fait le plus d’honneur à la nation ; mais je vous aimerai encore davantage. Faites mes compliments, je vous en prie, à tous vos camarades. J’ai lu le Triumvirat ; j’y ai trouvé de belles choses. Ce n’est point M. de Crébillon qui a quatre-vingts ans, c’est moi : car c’est la maladie qui fait la vieillesse et qui détruit les talents ; mais rien ne détruit mon goût pour les talents des autres, et surtout pour ceux que vous possédez. Adieu ; je vous embrasse de tout mon cœur, je vous embrasse tendrement.

P. S. Pour moi, qui me porte bien, monsieur, je trouve le Triumvirat détestable ; mais je meurs d’envie de vous voir, aussi bien que mon oncle. Je suis fort flattée de votre souvenir. Venez voir le malade et sa garde ; vous serez reçu avec le plus grand plaisir du monde, et mon oncle n’aura peut-être pas le cœur assez dur pour vous laisser partir les mains vides. On a beau essayer de persuader au public que mon oncle avait fait le Triumvirat, celui de Crébillon n’en a pas paru meilleur. Quelle folie de répandre de pareils bruits !

Adieu, monsieur ; allez à Dijon vous faire admirer, et venez nous voir : nous aimons autant votre personne que vos talents.


Denis.

2889. — À M. POLIER DE BOTTENS.
À Prangins, 28 février.

Je me félicite, monsieur, d’être enfin votre voisin, et je vous demande mille pardons, aussi bien qu’à M. de Brenles, de n’être pas venu chez vous deux vous remercier de m’avoir fait Lausannois ; mais j’étais si malade, j’avais si peu de temps, et j’étais

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.