Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/52

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Freytag, est en horreur à toute la ville, mais qu’on n’ose lui résister.

Votre Excellence est bien persuadée que je ne demande pas que Sa Majesté impériale se compromette : je demande simplement qu’un magistrat à qui je serai recommandé empêche qu’il ne se fasse rien contre les lois.

Je supplie Votre Excellence de vouloir bien m’adresser sa réponse par quelque homme affidé ; sinon je la prie de daigner m’écrire par la poste, d’une manière générale. Elle peut assurer l’empereur, ou Sa sacrée Majesté l’impératrice, que, si je pouvais avoir l’honneur de leur parler, je leur dirais des choses qui les concernent ; mais il serait fort difficile que j’allasse à Vienne incognito ; et ce voyage ne pourrait se faire qu’en cas qu’il fût inconnu à tout le monde. J’appartiens au roi de France, je suis très-incapable de dire jamais un seul mot qui puisse déplaire au roi mon maître, ni de faire aucune démarche qu’il pût désapprouver. Mais, ayant la permission de voyager, je puis aller partout sans avoir de reproches à me faire ; et peut-être mon voyage ne serait pas absolument inutile. Je pourrais donner des marques de ma respectueuse reconnaissance à Leurs Majestés impériales, sans blesser aucun de mes devoirs. Et si, dans quelque temps, quand ma santé sera raffermie, on voulait seulement m’indiquer une maison à Vienne où je pusse être inconnu quelques jours, je ne balancerais pas. J’attends vos ordres, monsieur, et vos bontés.

Je suis avec la reconnaissance la plus respectueuse, etc.


Voltaire,
gentilhomme ordinaire de la chambre du roi très-chrétien.

2568. — À FRANÇOIS Ier
empereur d’allemagne[1].
À Francfort, le 5 juin.

Sire, c’est moins à l’empereur qu’au plus honnête homme de l’Europe que j’ose recourir dans une circonstance qui l’étonnera peut-être, et qui me fait espérer en secret sa protection.

Sa sacrée Majesté me permettra d’abord de lui faire voir comment le roi de Prusse me fit quitter ma patrie, ma famille, mes emplois, dans un âge avancé. La copie ci-jointe[2] que je prends

  1. Voyez la note 4, tome XXXVI, page 344.
  2. De la lettre du roi de Prusse, du 23 août 1750.