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3063. — À M. DUPONT
avocat.
Aux Délices, 22 novembre[1].

Les lettres de change, mon cher monsieur, se traitent plus sérieusement que les almanachs du Courrier boiteux. Schœpflin n’a aucune raison ni aucun prétexte valable pour refuser le payement d’un argent que j’ai bien voulu lui prêter, et que nul que moi ne lui aurait prêté. C’est trop abuser de mes bienfaits ; ils méritaient un autre retour. L’état de mes affaires ne me permet pas d’attendre ; j’ai compté sur cet argent. Le sieur Schœpflin a promis de le rendre ; rien ne doit le faire manquer à sa parole. Je vous prie donc très-instamment de faire toutes les diligences nécessaires sans aucun délai, et de vouloir bien agir avec toute la promptitude que j’attends de votre amitié. Je vous aurai une très-grande obligation. Je ne vous répéterai pas que les dépenses qui étaient indispensables dans ma nouvelle acquisition me mettent dans un besoin pressant de mon argent. Schœpflin n’a pas seulement daigné répondre à une lettre de Colini : son procédé est insoutenable. En un mot, faites-moi payer par justice, je vous en prie, puisque le sieur Schœpflin ne veut pas me payer par devoir. Je vous demande encore en grâce d’agir à la réception de ma lettre. Je me moque des pucelles, et je veux poursuivre les mauvais débiteurs et les ingrats.

Je vous embrasse sans cérémonie.

Voltaire.

3064. — DE. M. DUCLOS,
en qualité de secrétaire perpétuel de l'académie française[2].

L’Académie est très-sensible aux chagrins que vous causent les éditions fautives et défigurées dont vous vous plaignez ; c’est un malheur attaché à la célébrité. Ce qui doit vous consoler, monsieur, c’est de savoir que les lecteurs capables de sentir le mérite de vos écrits ne vous attribueront jamais les ouvrages que l’ignorance et la malice vous imputent, et que tous les honnêtes gens partagent votre peine. En vous rendant compte des sentiments de l’Académie, je vous prie d’être persuadé, etc.

Duclos, secrétaire.
  1. Voltaire avait daté sa lettre du 22 décembre. M. Dupont a rectifié cette date à la main, sur l’original.
  2. Les registres de l’Académie française ne font aucune mention de cette lettre (voyez n° 3058), à laquelle Voltaire répondit le 21 décembre (voyez n° 3087).