Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/67

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malheureusement égaré, s’il ne se trouve pas dans la caisse qui est entre les mains de M. Freytag. Nous le cherchons, mon oncle et moi, sans cesse depuis deux mois. Je donnerais quatre pintes de mon sang pour qu’il fût retrouvé. Mais que le roi daigne se ressouvenir que ce contrat était sur un petit chiffon de papier fort facile à perdre ; que mon oncle a beaucoup de papiers, qu’il brûle souvent des brouillons ; qu’il daigne penser que cet écrit ne contenait rien qu’un remerciement de la part de mon oncle de la pension que Sa Majesté lui donnait lorsqu’il était auprès d’elle, et que l’acte de renonciation que nous lui envoyons prouve par sa force notre entière soumission. Mon oncle l’a adressé à milord Maréchal, mais comme nous craignons qu’il n’ait pu encore arriver jusqu’au roi, j’ai l’honneur de vous en envoyer un pareil, que nous avons signé, et que nous vous prions de remettre à Sa Majesté prussienne ; malgré cet acte, nous ferons l’impossible pour le retrouver s’il existe encore, et nous le rendrons dans la minute qu’il sera retrouvé.

Je vous rends un compte fidèle de tout pour vous marquer à quel point je compte sur votre justice et sur votre bonté ; j’attends de vous quelque consolation dans mon état déplorable, car, pour mon oncle, il n’est plus en état d’en recevoir, et vous apprendrez bientôt peut-être sa fin déplorable. Il a sans doute des torts, mais jamais il n’a cessé d’adorer le roi, et jamais il n’en a parlé que pour publier ses talents et sa gloire. Je ne m’attendais pas, il y a trois ans, que ce serait le roi de Prusse qui lui causerait la mort. Pardonnez à ma douleur !

J’ai l’honneur d’être très-parfaitement, monsieur, votie très-humble et très-obéissante servante.


2583. — DE L’ABBÉ DE PRADES À M. DE FRKYTAG[1].
19 juin.

Le roi m’a ordonné, monsieur, de vous adresser une lettre pour Mme Denis, nièce de M. de Voltaire, afin que vous la lui fassiez remettre si elle est à Francfort, ou que vous la lui fassiez tenir où elle sera. Je suis charmé, en m’acquittant de mon devoir, de trouver une occasion où je puisse vous témoigner la considération avec laquelle j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


L'abbé de Prades.

2584. — DE L’ABBÉ DE PRADES À MADAME DENIS[2].

Madame, le roi m’ordonne de vous répondre au sujet de ce que vous lui avez écrit pour votre oncle. Les ordres sont donnés pour qu’on laisse à

  1. Éditeur, Varnhagen von Ense.
  2. Œuvres de Frédéric le Grand, édition Preuss ; Berlin, 1853, tome XXII,