Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/160

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Je vous remercie, mon cher ami, de l’intérêt que vous prenez à mes petites affaires. Je ne me suis point encore ressenti des arrangements économiques de M. le duc de Wurtemberg. J’écris à Cadix au sujet de la banqueroute des Gilly, mais j’espère très-peu de chose. Les Gilly n’ont fait que de mauvaises affaires.

Vous m’avez mandé, par votre dernière lettre, que Mlle de L’Espinasse[1] désirait des sottises complètes ; il n’y a qu’à en prendre un recueil chez Merlin, le faire relier, et le lui envoyer. Ce sera autant de payé sur les mille livres qu’il doit à Wagnière.

Je reçois dans ce moment une lettre de M. de Courteilles, qui est enchanté de votre mémoire.

Je voudrais vous envoyer du Lembertad[2], mais comment faire ?

Je vous embrasse plus fort que jamais.

6782. — À M. LE MARQUIS DE FLORIAN.
Le 4 mars.

Grand Turc, grand écuyer persan, cadi, et vous, grande écuyère[3], tombe sur vous la rosée du ciel, et soit votre rosier toujours fleuri ! Qui a donc fait la chanson de Molé[4] ? Elle est naïve et plaisante. N’en fera-t-on point sur la Sorbonne, qui persécute si sottement Marmontel ?

Les Gilly m’ont fait pis ; leur banqueroute est forte. Je serai fort obligé à monsieur le cadi s’il fait agir vigoureusement le procureur boiteux dans mon affaire contre des Normands.

Mme Denis et moi remercions le Grand Turc de la mainlevée. Mahomet favorise ses bons serviteurs. J’aurai bientôt, je crois, une plus grande obligation aux maîtres des requêtes. Vous avez vu sans doute le mémoire de M. de Beaumont : il faudrait avoir une âme de bronze pour ne pas accorder une évocation aux Sirven. En vérité, il s’agit dans cette affaire de l’honneur de la France ; il est trop honteux de se faire continuellement un jeu

  1. Voyez tome XLIV, page 237.
  2. Ce doit être la lettre à M***, conseiller au parlement, etc., dont il est parlé tome XLIII, page 473.
  3. L’abbé Mignot, le marquis de Florian, d’Hornoy, son beau-fils, et la marquise de Florian, mère de ce dernier.
  4. Cette chanson, qui commence par ce vers :
    Quel est ce gentil animal, etc.


    est de Boufflers