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CORRESPONDANCE.
6959. — À M. LE COMTE DE WARGEMONT[1].
À Ferney, 1er auguste.

J’ai reçu, monsieur, la lettre dont vous m’honorez du 22 juillet, mais non pas celle que vous m’annoncez du 21 par le major de la légion. Il faut qu’elle ait été perdue avec quelques autres.

Vous aviez bien raison, monsieur ; le livre intitulé les Hommes n’est pas fait par un homme fin. Si celui du Soldat aux gardes était en effet d’un soldat, il faudrait le faire aide-major ; mais je soupçonne qu’il est du chevalier de La Tour, qui l’a mis, pour se réjouir, sous le nom d’un caporal de sa compagnie. Ce caporal m’a envoyé le livre avec une belle lettre, et j’ai encore peine à le croire l’auteur.

Je suis pénétré de vos bontés ; je voudrais pouvoir les mériter ; mais un pauvre anachorète ne peut vous présenter que ses regrets et son respect. Agréez, monsieur, ces sentiments de votre très-humble, etc.

6960. — À M. DAMILAVILLE.
1er auguste.

Mes associés, monsieur, vous ont envoyé ce que vous demandez, et ce qui vous était dû. Si rien ne vous est parvenu, il ne faut s’en prendre qu’à l’interruption du commerce : car il est plus difficile, comme j’ai déjà eu l’honneur de vous le dire, d’envoyer des ballots de ce pays-ci que d’en recevoir. Les bijouteries sont surtout prohibées.

J’ai vu votre ami à la campagne ; il traîne une vie assez languissante. Je lui ai parlé du sieur La Beaumelle, en conformité de votre lettre du 25 de juillet ; il m’a dit que ce malheureux étant sur le point de faire réimprimer ses calomnies contre tout ce que nous avons de plus respectable[2], on s’était trouvé dans la nécessité de présenter l’antidote contre le poison ; que cela ne se pouvait faire décemment que par un mémoire historique[3], lequel n’a été adressé qu’aux personnes intéressées, aux ministres, et aux gens de lettres. S’il avait été possible que le jeune M. Lavaysse eût mis un frein à la démence horrible de son beau--

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Voyez lettres 6946 et 6950.
  3. C’est celui qui est tome XXVI, page 355.