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ANNÉE 1767
7042. — A. M. DUPONT.
À Ferney, 13 octobre.

Depuis ma dernière lettre, mon cher ami, j’ai reçu de nouveaux éclaircissements touchant les terres dépendantes du comté de Montbéliard, situées en France. Les tristes connaissances que j’ai acquises me mettent dans la nécessité indispensable d’assurer mes droits et mon revenu par des actes juridiques ; j’ai besoin même de la plus grande célérité. Je suis comptable à ma famille de ce bien, qui est presque la seule chose qui me reste. Je vous prie donc de faire agir sans délai mon fondé de procuration, de m’envoyer son nom, et d’avoir l’œil sur lui.

Je vous prie aussi très-instamment de me faire avoir une copie authentique des anciens actes de M. le duc de Wurtemberg, énoncés dans les contrats que vous avez passés en mon nom. Ces anciens actes sans doute doivent tenir lieu de contrats, et vous n’aurez pas manqué de les faire homologuer au conseil d’Alsace. Je m’en rapporte à vous pour assurer mes droits et ceux de ma famille ; je vous demande en grâce d’envoyer la copie de ces contrats bien conditionnée à l’adresse de M. Damilaville, premier commis des bureaux du vingtième, quai Saint-Bernard, à Paris, avec une double enveloppe, l’une à moi, l’autre à lui.

En même temps, ayez la bonté de m’écrire ce que vous aurez fait. Vous m’avez mandé que vous aviez bien voulu solliciter en ma faveur la chambre des finances de Montbéliard ; mais sachez que cette chambre des finances est la chambre de la confusion et de la pauvreté ; M. de Montmartin m’a fait cet aveu ; c’est un naufrage, il me faut une planche pour me sauver, et je ne puis trouver ma sûreté que par la voie de la justice. Je ne prétends point en cela manquer de respect à M. le duc de Wurtemberg ; je ne m’attaque qu’à ses fermiers et à ses régisseurs ; on plaide tous les jours en France contre le roi ; je ne dois point trahir les intérêts de ma famille par une vaine considération ; en un mot, je vous prie d’agir sans délai. Mme Denis joint ses remerciements aux miens ; je vous embrasse bien tendrement, et je fais mes compliments à toute votre famille. V.

7043. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Ferney, 14 octobre.

Mon cher ange, j’apprends qu’on vous a saigné trois fois : voilà ce que c’est que d’être gras et dodu. Si on m’avait saigné